Communiqué de presse
Asylum collection, Raphaël Galley, José Lévy, Chris Kabel, Christian Lacroix, Radi Designers, Frédéric Ruyant, Kiki van Eijk
Carpets’Stories
Selon le Petit Robert, le tapis est un ouvrage de fibres textiles destiné à être étendu sur le sol pour s’asseoir, pour décorer le sol des maisons ou bien encore étouffer le bruit des pas. Mais plus encore, pour les musulmans, il devient un accessoire religieux indispensable le temps de la prière. Et dans le monde nomade, il dépasse le statut d’objet fonctionnel pur et symbolise plus que tout l’espace privé. En fait, l’origine du tapis remonte au Vè siècle avant JC, à peu près à la même période que celle du vêtement, et l’on constate que durant des siècles son utilisation ne se cantonnera pas au strict recouvrement du sol mais que l’objet prendra ses aises sur les murs, les tables, les buffets et même les lits. Ce n’est qu’à la révolution industrielle, avec la mécanisation des techniques et donc la réduction des coûts de fabrication, que le tapis se laissera pour ainsi dire marcher dessus.Â
Dès lors, on pouvait se demander quel rôle ou quel statut un tapis pourrait aujourd’hui endosser si on en soumettait la conception à des créateurs tels que des designers, des architectes ou encore des stylistes. Face à cette interrogation, Loïc Bigot, instigateur de ToolsGalerie, a proposé ce challenge à huit créateurs sensibles au fait de composer avec les pratiques inhérentes à leur discipline dans un champ qui n’est pas de prime abord le leur. Les inciter à pousser la réflexion au delà du dessin, et donc du style, pour lequel ils sont parfois sollicités et leur proposer de jouer avec les codes de l’objet, voire d’en imaginer de nouveaux. Quitte à se saisir de rites et d’éléments traditionnels pour mieux les considérer à  la lumière contemporaine.
Chez les designers néerlandais, le projet s’est nourri de ce goût parfois immodéré pour le décoratif qui au contact de l’histoire ou plus simplement de l’observation du quotidien accouche de formes étonnantes, pour ne pas dire déroutantes, telles ces reproductions de moisissures à l’apparence soyeuse (Chris Kabel), cette peau de cheval brute d’équarrissage percée de fleurs de lys (Asylum collection) ou bien encore ce décor d’un tricot traditionnel reproduit à grande échelle et traité en monochrome (Kiki van Eijk). Dans l’univers de la mode, c’est plus encore l’idée de l’apparat, de la préciosité et le soin du détail qui sont en jeu. Ainsi, le couturier Christian Lacroix, maître du métissage par excellence, a combiné la figure d’un dragon fumant, dessin qu’il pratique à l’obsession les jours de cogitation intense, à un détail d’une savonnerie d’empire, créant ainsi une chimère intrigante. Et le styliste José Lévy de jeter à plat le dessin d’une moulure haussmannienne et d’en souligner discrètement les motifs par un fil phosphorescent qui apparaît la nuit venue. Et si le tapis devenait une pièce de mobilier à part entière ? C’est la réponse de l’architecte designer Frédéric Ruyant qui a décidé d’habiter son tapis par une structure parallélépipédique qui permet de le transformer à façon en siège. Fidèle à leur interrogation sur le rapport à l’image, les Radi Designers ont développé quant à eux un projet qui prend la forme d’une onde sonore et qui s’illumine selon l’environnement sonore.
Enfin, le designer Raphaël Galley démultiplie à l’échelle du corps les bienfaits des balles relaxantes en proposant un tapis réalisé à l’aide d’un millier de ces objets déstressants et dans lequel l’usager est invité à se lover. A noter qu’à l’exception de cette dernière création et de celle du collectif Asylum, les tapis ont été fabriqués par les sociétés Tai-ping et Pinton (Aubusson).  Â
critique
Carpets Stories…