L’exposition « Chergui et déroutes » au 22, à Nice, restitue le parcours suivi par Caroline Trucco et Camille Franch-Guerra à travers le Maroc, jusqu’à l’enclave espagnole de Ceuta, à la suite de celui effectué par les migrants subsahariens.
« Chergui et déroutes » suit le parcours mouvementé des migrants subsahariens
Le titre de l’exposition, « Chergui et déroutes », fait référence au Chergui, un vent marocain chaud qui souffle depuis le Sahara, c’est à dire de l’est ou du sud-est, qui franchit la chaîne de l’Atlas et redescend plein de sécheresse et de violence, sur les plaines côtières, où il soulève la poussière et gêne la vue et perturbe la navigation dans le détroit de Gibraltar. Aux troubles semés par ce vent répondent ceux que connaissent les populations africaines subsahariennes qui tentent d’atteindre l’Europe en passant par le Maroc.
L’exposition réunit des photographies, des vidéos, des documents sources sonores, des textes, des cartes géographiques et des objets, tous réalisés ou collectés par Caroline Trucco et Camille Franch-Guerra au fil du voyage qu’elles ont réalisé en septembre 2017 entre Casablanca, Tanger et Ceuta. Un voyage qui avait pour but de mettre en lumière la facilité qu’ont deux ressortissantes françaises détenant un passeport européen à se déplacer à travers le territoire marocain, autant que les difficultés que rencontrent les populations venant du sud.
Caroline Trucco et Camille Franch-Guerra, de Casablanca à Ceuta
Le projet, rendu possible par un rapprochement avec la population africaine expatriée au Maroc, avait pour objectif de suivre des chemins de traverse en essayant de pénétrer dans des zones de transit périphériques créées par cette communauté et qui forment des espaces intermédiaires, comme en tension entre deux mondes. Pour ce faire, Caroline Trucco et Camille Franch-Guerra se sont donné pour mission de retrouver un jeune sénégalais détenu au centre de rétention de Ceuta pour lui rendre des biens qu’il avait laissés avant son départ dans le quartier de Boukhalef à Tanger.
L’exposition se présente comme un dépôt scénographié des éléments témoignant du parcours marocain Caroline Trucco et Camille Franch-Guerra : les objets et documents, réalisés sur le terrain à travers de multiples médiums rendent compte du regard des artistes, de leurs rencontres et expériences vécues. Ils sont entreposés tels quels dans la galerie, posés au sol ou contre les murs, sans accrochage conventionnel pour mieux souligner l’aspect précaire et instable des circuits suivis par les migrants.