Jimmie Durham, Dora Garcia, Claude Lévêque, Mark Raidpere, Allan Sekula, Franz West
Carnets du Sous-Sol
Pour notre première exposition de l’année 2006, exposition collective, j’ai choisi un titre inspiré d’un texte de Dostoïevski mettant en scène un personnage qui, réfugié dans son sous-sol, ne cesse de conspuer l’humaine condition pour prôner son droit à la liberté. Au delà du caractère imprécatoire de ce texte magnifiquement lu par Patrick Chéreau il y a peu au théâtre des Bouffes du Nord, j’ai voulu réunir quelques artistes qui me paraissent s’inscrire dans la réalité quotidienne du monde (ici-bas) et en même temps nous inviter à regarder l’avenir (souvent avec optimisme), en toute liberté.
Plusieurs artistes de la galerie participent à ce projet: Allan Sekula dont nous avons choisi de présenter une image de la série « Black Tide/ Marea Negra » réalisée en 2002 lors du naufrage du pétrolier «Prestige» au large des côtes de Galice; Jimmie Durham avec deux oeuvres nées d’une performance réalisée à la galerie en 2004 (Jimmie Durham participera à la prochaine Biennale du Whitney).
Dora Garcia nous propose une de ses «phrases d’or», oeuvre murale à mi-chemin entre l’aphorisme, le «statement» artistique et le commandement moral. Plusieurs expositions importantes ont permis de découvrir le travail de Dora Garcia ces dernières années: Manifesta Luxembourg (1998) et biennale d’Istanbul (2003), ainsi que ses expositions personnelles: «The Kingdom», Macba (2003), «Vibraciones», Musac, Leon (2005), et «Des messages, des instructions, des questions», Frac Bourgogne (2005). Il y a quelques jours encore, ses performances et vidéos bénéficiaient d’une présentation très complète à la Reina Sofia à Madrid. Dora Garcia, dans une relation intime ou distante, pousse le spectateur à l’interprétation et à la remise en cause de la réalité.
Invité de la galerie, Claude Lévêque présente une œuvre inédite, phrase en tubes de néon industriel suspendue dans l’espace. Ces fragments d’une histoire personnelle, à l’écriture familière, puisent dans la rumeur du monde. L’artiste l’exprime ainsi «je cherche à mettre en phase ce que produit l’univers des loisirs et l’amnésie presque totale qui nous caractérise.»
Une sculpture de Franz West dans cette exposition, «Passstück», 1978, témoigne de l’attitude de l’artiste à la fois anti-utopique et anti-idéaliste.
A cet ensemble s’ajoute «Ten Men» de Mark Raidpere. La rencontre avec l’oeuvre de cet artiste dans le pavillon estonien fut pour moi le moment fort de la dernière biennale de Venise. Depuis lors, je souhaitais faire découvrir à Paris cet artiste de 30 ans, vivant à Tallinn.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Emmanuel Posnic sur cette exposition.
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