Majida Khattari
Captives
Majida Khattari interroge les notions de liberté et de rapport au corps et met en scène des modèles portant des Vêtements-Sculptures qu’elle a préalablement conçus et fait réaliser.
Elle scénarise ses performances et fait appel au chant, à la musique et à la danse. Ses «vêtements» abordent l’idée de l’enfermement, tout en se référant à l’actualité politique contemporaine, aux questions de laïcité et de religion. En parallèle, Majida Khattari réalise des photographies, des installations, des vidéos et des films.
Son défilé VIP: Voile Islamique Parisien présenté à l’Hôtel de la Monnaie à Paris en 2008 puis au Théâtre de la Cité Internationale à Paris, en 2010, amorce une évolution dans le travail de l’artiste.
En fréquentant le monde de la mode, Majida Khattari prend conscience que la réalité de l’enfermement du corps des femmes n’est pas seulement liée au voile. Univers élitiste et codifié, la mode nous montre aussi une autre manière d’emprisonner les corps et les esprits.
Dans ses performances, la forme du défilé, la démarche des mannequins, le choix des tissus, le détournement des logos, démontrent que la mode et ses diktats peuvent être tout aussi aliénants pour la condition des femmes.
En 2009, Majida Khattari assiste à la représentation de Manta, une création de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, directeurs du Centre Chorégraphique National de Caen /Basse-Normandie (CCNC/BN).
La problématique de la liberté des femmes et le questionnement de la place du voile dans l’imaginaire sont des préoccupations communes aux chorégraphes et à la plasticienne. Leur rencontre a ainsi donné lieu à une création originale, Lost in Burqa. Cette performance, conçue par Héla Fattoumi et Éric Lamoureux à partir des œuvres de Majida Khattari, est programmée dans le cadre du VIe festival Danse d’Ailleurs proposé par le CCNC/BN à l’École Supérieure d’Arts et Médias de Caen / Cherbourg en écho à l’exposition « Captives » proposée par l’Artothèque de Caen.
À l’Artothèque, Majida Khattari investit l’espace d’exposition en proposant un dispositif inédit: mis à distance derrière un grillage évoquant les moucharabiehs orientaux ou les grilles des burqas, les croquis, les dessins préparatoires, les miniatures de ses vêtements-sculptures ainsi que les photographies des essayages sont autant d’entrées multiples dans l’œuvre de l’artiste.
Sont également présentées deux photographies d’une série qui revisite avec une dimension critique l’orientalisme, ce mouvement littéraire et pictural très à la mode au XIXe siècle.
Dans des mises en scènes minutieusement élaborées, l’artiste compose des tableaux photographiques, véritables citations de certaines peintures célèbres. Dans des décors où se mêlent tissus et joaillerie, elle fait rejouer à ses modèles les poses alanguies des femmes des harems, scènes à l’érotisme sous-jacent qui ont nourri l’exotisme fantasmé de l’Occident sur l’Orient.