Stéphane Vigny
Capsule Radieuse
«Jackpot»
«La plupart des œuvres de Stéphane Vigny appartiennent à un ensemble disparate mais cohérent nommé «Les objets modifiés». Une appellation ni anodine, ni ironique qui permet de comprendre aisément que l’artiste utilise comme matière première, des objets d’usage courant, distribués en grandes séries.
Toujours plus séduisants après transformation, «Les objets modifiés», acceptent une dimension décorative avec une touche de kitsch évocatrice de luxe mais jamais, ils ne deviennent des objets fragiles, précieux, irremplaçables ils gardent leurs qualités premières, intrinsèques, et restent parfaitement identifiables même s’ils sont présentés dans des postures qui ne leur appartiennent pas.
Pour la plupart, ils adoptent le principe de réversibilité, c’est à dire que L’objet modifié peut réintégrer sa fonction initiale en se séparant ou même en conservant son adjonction.
On les appellera objets transformismes, non pas au sens scientifique et évolutionniste du concept, mais au sens des transformistes, de ces individus qui jouent avec l’acceptation sexuelle du terme. Comme si ces objets admettaient un dressage et se soumettaient à des transformations corporelles pour ressembler à des starlettes se bichonnant pour un festival de cinéma.
Ainsi une paire de chaussures blanches, de sport, à fermeture par scratch, abandonne momentanément sa vocation de protecteur des pieds et s’accroche au mur comme des pots pour contenir deux petites plantations fleuries, une barrière antiémeute, virile et massive, en métal galvanisé, grandeur nature, prend l’aspect charmant, élégant et léger, des futilités des meubles de style Louis XV et une buse de 250 kg, un ouvrage d’art routier en béton qui sert à l’évacuation des eaux usées, se transforme, grâce à deux supports métalliques noirs, en un simple banc pour reposer les promeneurs.
Stéphane Vigny observe l’ingéniosité des inventions populaires qui transforment pour des raisons économiques, pragmatiques et surtout décoratives, un pneu usagé en une jardinière, une barrique en bar de salon, une coquille de noix de Saint Jacques en cendrier ou un ensemble de bouchons en rideau anti-mouches.
A Piacé, en plus d’œuvres volumineuses, Stéphane Vigny conçoit une rétrospective étonnante.
Dans l’espace central du lieu, il présente un ensemble d’œuvres réduites plus proches, dans leur rapport au modèle, des trophées Schuars, les Tsantzas, que des miniatures Majorette. Fini l’encombrement pour les collectionneurs, un haut de cheminée suffira pour les accueillir. Jackpot!»
Alain Berland, commissaire de l’exposition
A l’occasion de l’exposition, Stéphane Vigny réalise une Å“uvre inédite ayant obtenu une aide à la création de la Région des Pays de la Loire. Installée sur le chemin des vignes reliant Piacé à Juillé, la pièce, fusion élégante d’un ancien modèle de poteau Edf et de vitraux d’église, rejoint la collection d’œuvres (A. Molinero, L. Bourgeat, C. Ragot…) visible à l’année.
Un multiple «Cramp», tendeur rigidifié, est également édité par l’association Piacé le radieux.