José Medeiros
Candomblé
En 1951, le journal A Tarde reproduit un reportage de Paris Match consacré au candomblé publié le 12 mai de cette même année. Cet article, intitulé «Les possédées de Bahia» et illustré de 14 photographies du cinéaste Henri Georges Clouzot, défraie immédiatement la chronique et suscite l’indignation dans certains milieux. On lui reproche son sensationnalisme et les préjugés qu’il véhicule sur la religion afro-brésilienne très présente dans le Nordeste du Brésil. Cependant, il se distingue par la qualité de ses images, et le caractère inédit du sujet traité.
Piquée au vif, la rédaction du Cruzeiro décide de réaliser un reportage consacré au candomblé et de trouver ainsi l’occasion d’y porter un autre regard: le regard du Brésil sur un aspect souvent caché de sa propre culture. Elle envoie à Bahia son photographe vedette, José Medeiros, accompagné du reporter Arlindo Silva. Les deux journalistes partent à la recherche d’un terreiro – communauté où se pratique le culte afro-brésilien – qui accepte que les journalistes soient présents pendant les cérémonies religieuses et photographient ses fidèles. Les deux journalistes se heurtent tout d’abord à une grande réticence de la part de la communauté afro-brésilienne de Bahia qui tient à garder secret ses rituels et considère la photographie comme une source potentielle de danger. Toutefois, grâce à un intermédiaire, ils se font accepter par un terreiro secondaire, situé dans la périphérie de Bahia, qui, le soir même, s’apprête à célébrer l’initiation de trois novices (Iyaôs). Le reportage publié en septembre 1951 est illustré de 38 photographies de José Medeiros. Elles nous montrent les différentes phases de la cérémonie d’initiation: la réclusion des novices, les danses, les incisions pratiquées sur le crâne et les bras, les sacrifices d’animaux… Le reportage provoqua, dès sa sortie, la désapprobation d’une grande partie des adeptes du candomblé de Bahia qui y vit la violation de ses secrets et une profanation de lieux sacrés.
Le reportage connut malgré tout un immense succès et marqua les esprits. Six ans plus tard, en 1957, José Medeiros publie un ouvrage intitulé Candomblé, illustré de 65 clichés, dont près d’une vingtaine inédits. Si le reportage de 1951 reste emprunt d’un certain sensationnalisme – notamment par les textes d’Arlindo Silva – cet ouvrage privilégie une démarche anthropologique et accorde une place privilégiée à la photographie. Les images de José Medeiros laissent entrevoir toute leur puissance évocatrice.