Jérôme Poret
Candelabra
Jérôme Poret propose un dernier geste pour clôturer son année de résidence au Confort Moderne: un éclairage d’hiver pour le parking. Après l’imposante matérialité des sculptures garées sur le parking les saisons dernières, l’intervention de l’artiste joue avec subtilité sur l’ambiance lumineuse de la cour du Confort Moderne et la dissolution d’une œuvre dans un objet usuel.
Une légende urbaine raconte que Berlin Est était reconnaissable la nuit par sa lumière, dont la teinte crépusculaire la différenciait de celle, plus blanche, que l’on trouvait à l’Ouest. Une différence qui possède une explication technique: alors que l’Ouest utilisait comme matériau le tungstène, l’Est lui préférait le sodium. Après 1989, l’unification passe aussi par une homogénéisation des équipements publics, notamment celle de la lumière, et les lampadaires berlinois se sont retrouvés démantelés de la voie publique. Candelabra est réalisé à partir de lampes produites à Leipzig dans les années 60, les mêmes qui ont éclairé la gare de Ostbahnhof de l’ancien Berlin Est. La sculpture est un croisement de monumentalité poétique et de ready made amplifié. Les lampes fonctionnent à la nuit tombée, plongeant la cour du Confort Moderne dans une ambiance de terrain vague berlinois. Teinté de nostalgie surannée, le mobilier urbain prend valeur de vestige tout en disparaissant de son environnement.