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Camille Claudel, une mise au tombeau

Qu’est-ce qui transforme une vie en destin ? Jean-Paul Morel a exhumé les pièces à conviction du dossier, enfin complet : son enquête sur l’interminable enfermement de Camille révèle une suite, triste et hélas banale, d’ignorance, de négligences et de lâchetés, de malentendus et de décisions arbitraires, qui ont fait le malheur d’une femme et créé le mythe tragique.

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Présentation
Jean-Paul Morel
Camille Claudel, une mise au tombeau

On connaît la vie de Camille Claudel par les versions romancées, théâtrales, cinématographiques et même chorégraphiques qui en ont été proposées. Au cœur de ces récits, ses amours avec Auguste Rodin, que Paul Morand résume ainsi dans ses mémoires : « […] c’est une histoire très triste. Cette fille est sa meilleure élève ; elle a du génie ; elle est très belle, et elle l’aime ; mais elle est folle. Elle s’appelle Camille Claudel. » La beauté, le génie, l’amour et la folie : voilà de quoi forger une belle légende.

Hors de cette vision romantique cependant, la vérité sur Camille Claudel est complexe à rétablir. Sa vie ressemble à un puzzle, avec bien des pièces manquantes, certaines cachées, d’autres déformées.Au terme d’une longue enquête, Jean-Paul Morel nous livre enfin un dossier complet. Il s’est employé à exhumer toutes les pièces : correspondances officielles et privées, archives médicales, articles de presse… Autant d’éléments jusqu’ici dispersés, censurés ou mal transcrits, voire tout à fait inédits, qu’il s’est efforcé de rétablir dans leur intégrité. La plupart de ces documents sont livrés volontairement sans commentaires ou interprétation : c’est au lecteur qu’il appartiendra de se faire sa propre opinion sur la tragédie que fut la vie de Camille Claudel. Bien des légendes se trouvent mises à mal dans Camille Claudel, une mise au tombeau.

Non, Rodin n’a pas été l’infâme exploiteur machiste dont Paul Claudel, puis sa fille Reine-Marie Paris, ont voulu faire l’unique responsable du “déraillement” de Camille. Il a même été le premier, dès 1895, à s’être rendu compte de son état et à avoir tenté de l’aider. Obligé de se déguiser sous un nom d’emprunt, Rodin n’a cessé jusqu’à sa mort de lui venir financièrement en aide, chaque fois qu’il a été averti de sa détresse, comme le révèlent ses archives au musée Rodin.

Et non, Camille n’a pas été l’artiste “maudite”, incomprise et vivant dans la misère. Si elle a eu effectivement quelque mal à obtenir des commandes publiques de l’État, c’est au premier chef parce que le ministère de Beaux-Arts, et le musée du Luxembourg – contrôlés par l’Institut – étaient peu ouverts aux femmes et à la création contemporaine. En revanche, Rodin lui a tôt apporté le soutien de riches mécènes.
Féministe, comme certain(e)s l’auraient souhaité ? Elle ne l’a pas davantage été : Camille rêvait de se marier et – à l’instar de Rachilde qui entendait être reconnue comme “homme de lettres” – voulait tout bonnement, pour sa part, être reconnue comme sculpteur.

Sa famille lui a-t-elle maintenant apporté tout le soutien qu’elle pouvait en attendre ? Les preuves du contraire sont plus accablantes qu’on ne l’imaginait. Camille a bien été “aliénée”, mise hors circuit, à l’écart du monde, par la volonté délibérée de sa mère. Son frère Paul, beaucoup plus préoccupé par sa carrière diplomatique et par son œuvre, n’a fait que prendre le relais. Douze visites, courtes, en trente ans !

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