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Cahiers français n° 312 : culture, État et marché

L’économie de la culture à travers la politique culturelle de l’État (action, décentralisation, gestion des musées, aide publique, etc.) et des industries privées (marché de l’art, édition, mécénat, etc.). Un dossier intelligent qui balaie un vaste spectre dans sa thématique, répondant à bon nombre de questions.

— Auteurs : sous la direction de Philippe Tronquoy : Philippe Poirrier, Guy Saez, Vincent Dubois, Isabelle Charpentier, Emmanuel Pierru, Stéphanie Peltier, Françoise Benhamou, François Rouet, Alain Quemin, Sabine Rozier, Jean-Michel Leniaud, Martine Corral-Regourd, Pierre-Michel Menger, Emmanuel Pierrat, Serge Regourd
— Éditeur : La documentation française, Paris
— Directrice de publication : Sophie Moati
— Parution : janvier-février 2003
— Format : 21 x 27 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 100
— Langue : français
— ISSN : 0008-0217
— Prix : 9 €

Éditorial : politiques culturelles : continuité… et adaptations
par Philippe Tronquoy

Le soutien de l’État à la création artistique est une constante par delà les nombreux régimes sous lesquels a vécu la France. Toutefois, outre de profondes différences concernant les modalités ou l’ampleur des concours apportés, les objectifs poursuivis ont bien évidemment connu de très significatives évolutions. Si aujourd’hui le souci du rayonnement national demeure — sous l’Ancien Régime ce rayonnement devait d’abord se focaliser sur la personne même du souverain —, I’ambition d’une démocratisation de l’accès aux productions culturelles n’a cessé de gagner en importance.

Cet objectif de démocratisation permet de saisir les changements les plus notables dans l’action des pouvoirs publics. La création du ministère des Affaires culturelles en 1959 participait assurément d’une telle exigence mais André Malraux — pour qui la pérennité des chefs-d’œuvre constituait la seule victoire possible face à la mort, qui voyait dans l’art l’affirmation d’un « anti-destin » entendait surtout privilégier l’accès direct du plus grand nombre aux réalisations passées et présentes de ce que l’on a coutume d’appeler la « grande culture ». Or, cette notion de grande culture n’a pas échappé au soupçon et à la contestation, et quoiqu’une continuité manifeste marque les politiques des ministres successifs, on constate la prise en considération, principalement à partir de 1981, de formes d’expression considérées naguère comme secondaires ou tout à fait mineures. Cependant, et alors même que les collectivités locales jouent désormais elles aussi un rôle de premier plan pour aider à l’enrichissement intellectuel et promouvoir la création, les pratiques de consommation demeurent fortement dépendantes des appartenances sociales.

La dimension économique est certainement une dimension centrale pour appréhender le vaste secteur de la culture. Celui-ci présente de fortes singularités comme le montrent les règles présidant à la fixation du prix des biens culturels ou encore les dispositions — qui continuent de provoquer le débat — relatives à la préservation des diverses identités nationales.

Tandis que la poursuite du mouvement de concentration dans l’industrie du livre et I’internationalisation du marché de l’art illustrent les logiques économiques à I’œuvre, on remarque par ailleurs une évolution dans les comportements des entreprises mécènes susceptible peut-être de les conduire à davantage sélectionner leurs engagements en fonction seulement de ce qu’elles estiment être leur strict intérêt.

Cinq questions, enfin, ont été retenues dans la dernière partie de ce numéro des Cahiers français eu égard à leur actualité particulière : la politique du patrimoine et son éventuelle décentralisation; la revendication pour une plus grande autonomie de gestion des musées; I’aide au spectacle vivant et, notamment, le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle; les atteintes au droit d’auteur par « photocopillage », le droit de prêt, la copie privée numérique ou le développement des nouvelles technologies; et aussi les rapports entre culture et télévision publique.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de la documentation française)

Les auteurs
Philippe Poirrier est maître de conférence d’histoire contemporaine à l’université de Bourgogne ;
Guy Saez est directeur de recherche au Cnrs, Cerat, institut d’études politiques de Grenoble ;
Vincent Dubois est sociologue et politiste, professeur à l’université de Metz et à l’IEP de Strasbourg ;
Alain Finkielkraut est philosophe ;
Isabelle Charpentier est professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Carpo-Centre de Sociologie européenne ;
Emmanuel Pierru est professeur à l’université Paris I—Sorbonne ;
Stéphanie Peltier est professeur aux universités de Paris I et de La Rochelle et chercheur au Matisse ;
Françoise Benhamou est professeur à l’université de Rouen et chercheur au Matisse, université Paris I ;
François Rouet est diplômé de l’École nationale de la Statistique et de l’administration économique ;
André Schiffrin est éditeur aux États-Unis ;
Alain Quemin est sociologue, professeur à l’université de Marne-la-Vallée, Laboratoire techniques, territoires et société (Latts, Cnrs) ;
Sabine Rozier est maître de conférence en sciences politiques, université Picardie-Jules Verne, chercheuse associée au Curapp ;
Jean-Michel Leniaud est directeur d’études à l’École pratique des hautes études ;
Martine Corral-Regourd est maître de conférence en sciences de l’information ;
Pierre-Michel Menger est directeur de recherche au Cnrs et directeur d’études à l’Ehess (centre de sociologie du travail et des arts) ;
Emmanuel Pierrat est avocat au barreau de Paris, spécialiste du droit de la propriété intellectuelle, cabinet Pierrat ;
Serge Regourd est professeur à l’université des sciences sociales de Toulouse, directeur de l’institut de droit de la communication.

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