Yann Sérandour
Cactus Cuttings
En milieu naturel, le caractère épineux et autarcique du cactus lui permet de survivre dans un environnement désertique et aride. Cultivé dans un cadre domestique, le cactus est un objet décoratif, une sculpture géométrique vivante qui fait l’objet de tous les soins. La domestication du cactus s’est largement propagée en Europe et aux États-Unis depuis le milieu du 19e siècle.
A partir de documents et d’objets qu’il a collectés depuis deux ans, Yann Sérandour expose ici le phénomène et en suit le cheminement au gré des modes et des traductions d’une frontière à l’autre. Réarrangés ici à l’occasion de sa troisième exposition personnelle à gb agency, livres illustrés, manuels de culture, revues de sociétés d’amateurs, portes-plantes et épreuves photographiques chinés en ligne sont les matériaux à partir desquels il donne à voir cette fascination collective pour un spécimen botanique bizarre et curieux.
Photographies d’archives et références livresques donnent à ces pratiques amateurs et passionnées une visibilité sociale à partir de laquelle l’histoire d’un goût peut se raconter. Yann Sérandour l’évoque aussi à travers le réemploi et l’exposition d’objets rétro, d’images vintage, pointant par la même occasion une tendance contemporaine à la fétichisation du passé où l’œuvre d’art s’apparente à un élément de décor. Il réaffirme aussi par ce biais son intérêt pour la fonction marginale des ornements qu’ils soient nébuleux, sinueux ou épineux.
Des miroirs anciens (World Mirrors, 2011) aux papiers marbrés japonais (Un cours d’eau paresseux à travers les prairies, 2012) en passant par les manteaux de cheminées (Fireplace Displacement et Passe-partout, 2013), il explore d’une manière excentrée les mécanismes de diffusion et de reproduction des cadres artistiques à travers l’espace et le temps.
Ces productions décoratives marginales sont autant de leurres réflexifs et de cadres conceptuels à partir desquels Yann Sérandour développe sa réflexion sur les mécanismes de transmission de l’art au sein d’un travail placé depuis ses débuts sous le signe du livresque, de la reproduction, de la trouvaille et des accidents de parcours à même de revivifier et de modifier le cours d’une histoire.
Vernissage
Samedi 19 avril 2014 Ã 16h