Communiqué de presse (extraits)
Walead Beshty, Louis Cameron, Jay Chung, Martha Friedman, James Hyde, Joe Scanalan, Donelle Woolford
Buy American
«Buy American» est une exposition qui vise à éclairer ce qu’«être Américain» signifie. Il ne s’agit pas ici du genre d’Américain que nous avons appris à mépriser depuis quelques années, mais bien de cet Américain pondéré, réfléchi et enclin à l’introspection, aujourd’hui invisible du public. «Buy American» présente des artistes qui correspondent à cette image, et sont convaincus du bien-fondé de leur travail, aussi modeste et insulaire soit-il.
Depuis quelque temps, les intellectuels se plaisent à dire que l’Amérique est devenue un «état guerrier selon Thomas Hobbes», par allusion au principe énoncé par le philosophe anglais dans son Léviathan, et en vertu duquel la guerre est une condition naturelle de l’humanité. Ceci est vrai à divers égards: deux décennies d’animosité économique et étatique ont généré au sein même de la population américaine un climat d’hostilité à l’égard du monde, à l’égard des autres. Dans un tel contexte, l’agressivité de chaque instant à l’égard de tout et de tous semble être la seule issue possible dans «la compétition pour vivre». À ne pas vouloir «baiser» les autres, vous courrez le risque de vous faire avoir en premier.
Sous le régime de l’actuel président des États-Unis, que je ne veux même pas nommer, les traits qui caractérisent l’intelligence humaine comme la curiosité, l’entrain, la raison et le scepticisme, sont présentés comme des signes de faiblesse parce qu’ils traduisent un manquement à la foi. Etre un homme raisonnable ou sceptique, c’est être un infidèle, un mécréant, un artisan du mal, coupable de trahison.
L’exposition «Buy American» se propose de transformer la haine manifestée aujourd’hui à l’égard des États-Unis en amour pour ses artistes dissidents. Elle présente un art qui va mal, plus mal que vous, un art de la dérision, du ludique et de la poésie, un art dénué de menace d’aucune sorte.
critique
Buy American