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PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

Ironisant sur la distance séparant l’idéal de la réalité, l’artiste écossais Rory MacBeth, doucement provocateur, présente à la galerie Sara Guedj ses œuvres surréalistes. 

Rory MacBeth, ancien élève du célèbre St. Martin’s College of Art de Londres, présente volontiers son travail comme la représentation du « cercle continu de frustration qui n’atteint jamais de conclusion ». Lors de la foire Slick, un immense nuage en fibre de verre, Thought Bubble (2007), évoquant une bulle de bande dessinée, accueillait le spectateur au Pavillon Carré de Baudoin ; sur sa partie renflée, on pouvait lire : « …oh god… », ironique appel spirituel dont la concrétisation dans le réel apparaît bien triviale.

Rory MacBeth fonde ainsi son œuvre sur la différence entre l’idéal et le réel, entre l’idée et l’œuvre. Dans la série sur le thème de la mobylette Piaggio, initiée en 2002, l’artiste emprunte au réel un élément de rebus, abandonné, pour le métamorphoser par la couleur en évocation poétique, comme dans Piaggio (Sky Blue), où l’objet déchiqueté a été peint d’un bleu ciel « réaliste », puis photographié in situ. Dans une démarche inverse, Rory MacBeth s’amuse à nommer une banale fourgonnette en état de décomposition, qu’il photographie préalablement, Transit Diamond White, conférant ainsi à l’objet une aura qu’il ne méritait pas.

Jouant sur les divers niveaux de réel, Rory MacBeth trompe le spectateur en confondant les apparences et en mettant en place une série de mises en abyme. Ainsi Statue (Flora) (2001) est une œuvre imitant un personnage qui imite une statue. La toile Magic Eye Painting (2002) est inspirée des images abstraites Magic Eye, illusions d’optique d’où surgit une forme figurative : ici, la toile est animée par un petit moteur dissimulé derrière, qui donne l’illusion du mouvement des formes. Plus loin, Bible (1997) est un livre où l’artiste a réarrangé tous les mots du Livre saint dans l’ordre alphabétique : là encore se situe le décalage entre l’idée et la lettre.

Deux sculptures parviennent à dépasser la simple ironie pour trouver une dimension plus large. L’œuvre récente Arm (2007) est un bras en marbre, fiché dans un angle de la galerie et pointant directement vers le visiteur : évocation du geste accusateur du Dieu vengeur, du geste créateur du Dieu démiurge, ou simple signe de désignation, Arm apparaît comme un dispositif étrange, proche d’une iconographie surréaliste à la Cocteau, et questionnant la réception d’un tel geste. Enfin, la série The Wood For Trees (Le Bois pour les arbres, 2006) se présente comme des branches sculptées dans du bois, associées à des pierres également sculptées. De l’arbre et de la roche proviennent le bois et la pierre : à rebours de son travail, Rory MacBeth montre comment, de l’informe provient la forme, et du réel provient à l’idée.

Rory MacBeth
— Piaggio (Chrome), 2002. Peinture, véhicule abandonné.
— Piaggio (Sky Blue), 2002. Peinture, véhicule abandonné.
— Piaggio (Sky Blue), 2002. Photographie. 50 x 40 cm
— Hackney Cab (Black), 2002. Photographie. 50 x 40 cm
— Transit (Diamond White), 2002. Photographie. 50 x 40 cm
— Saxo (Signal Yellow), 2003. Photographie. 50 x 40 cm
— Piaggio (Metalic Pink), 2003. Photographie. 50 x 40 cm
— Green and Red Bikes, 2003. Photographie. 50 x 40 cm
— Saab (Grey Blue), 2003. Photographie. 50 x 40 cm
— Statue (Flora), 2001. Performance. 2m x 60 cm x 70 cm
— Thought Bubble, 2007. Fibre de verre, peinture. 80 x 20 x 60 cm
— Magic Eye Painting, 2002. Acrylic on canvas and motor 200 x 180 cm
— Buy 1 get 1 (free), 2007. A1 posters
— Bible, 1997. Papier et impression. A4.
— Arm, 2007. Sculpture. 130 x 20 x 15 cm
— The Wood For Trees, 2006. Sculpture.

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