Hugo Kostrzewa pratique l’art de la synthèse et du multiple. A la manière d’un chimiste ou d’un cuisinier, il associe les techniques et les éléments les plus antagonistes, empruntés aux arts, à la culture populaire et mondiale, aux loisirs, au tourisme, au sport ou encore au bâtiment. Ses Å“uvres aux techniques mixtes forment des réseaux de ramification qui obligent à voir et à penser par association.
Ce travail de ramification est exprimé par le titre de l’exposition lui-même Burlando. Titre synthèse, sa tonalité conduit vers les grands espaces américains, son cinéma et sa culture, mais aussi vers la musique — «Burlando» est un terme italien signifiant «de manière enjouée».
La première installation, composée d’une brouette de chantier pleine de sable rouge, est éclairée par deux gros spots jaunes et encadrée de deux tabourets de pêcheur. La montagne de sable s’écroule lentement sous les vibrations d’un son qui semble être celui d’un marteau piqueur.
Ce son est en réalité la répétition d’une ligne de basse blues, inspirée des chants d’esclaves.
Hugo Kostrzewa tente de modifier notre attitude et nos réactions vis-à -vis des Å“uvres d’art. Les éléments empruntés à différents domaines tissent une Å“uvre-rébus qui sollicite notre imaginaire, nos connaissances et nos facultés déductives.
En résonance, l’installation Colorful Colorado combine une platine cd, un casque et un guide touristique du Colorado. Sur certaines pages, figure le mot «tracks» qui renvoie aux pistes de lecture du cd rom. Casque sur les oreilles, le spectateur est invité à partir à la découverte du Colorado. Les musiques, aux accents de blues et de country américains, collent parfaitement aux images, parce que les paroles des chansons sont les textes du guide.
Dans l’installation Le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt, un double porte cannes à pêche est dirigés vers le mur où est accroché un fond d’aquarium, et ou pointe un rayon laser.
Ces objets disparates, présentés hors de leur contexte, et tous identifiables seulement par un petit nombre de personnes, trouvent dans le lieu d’exposition des résonances inédites. Le porte cannes à pêche devient sculpture; le laser, sonar; le fond d’aquarium, photographie. Une alchimie se crée qui entraîne le visiteur dans les profondeurs marines.
Une toile faite de lignes horizontales rouges et blanches fait évidemment signe vers le drapeau américain et les Å“uvres telles que Flag de Jasper Johns. Mais c’est la musique qui sert de référence à la peinture dont le schéma est inspiré de la gamme pentatonique. Les lignes rouges sont travaillées à l’huile et au couteau, tandis que les lignes blanches utilisent la technique du marquage routier.
L’installation sonore Afghanistan, Arabestan, Bulgaristan, Chinastan… se situe dans une petite pièce plongée dans le noir. Une voix féminine énonce le nom des pays du monde sur fond de musique lounge. Par intermittence un haut-parleur lance le mot «stan» (la terminaison des noms des pays réels ou imaginaires égrainés). Tranchante et carcérale, la voix des «stan» accroît le sentiment d’angoisse que suscite déjà l’évocation de pays comme l’Afghanistan.
Liste des œuvres
— Hugo Kostrzewa, Colorful Colorado, 2009. Installation.
— Hugo Kostrzewa, Sans titre, 2009. Installation.
— Hugo Kostrzewa, Sans titre, 2009. Peinture.
— Hugo Kostrzewa, Le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt, 2009. Installation.