Communiqué de presse
FX Combes
Buildings
La représentation de l’espace urbain est au coeur du travail de FX Combes. La série «Buildings» s’inscrit dans cette continuité. Comment donner à voir la ville ? La ville dans sa vérité dernière, dépouillée, nue. En partant de la banalité du bâtiment basique, répond l’artiste. De la vision la plus classique, la plus épurée possible d’un immeuble rassemblé en quelques repères de lignes élémentaires. Pour ensuite réorganiser cette banalité, la structurer, lui donner forme et couleur, lui assigner ordre, rythme et sens, la restituer dans les strates d’un temps suspendu, passé, présent, futur amoncelés. Du matériau brut surgit la notion urbaine en soi, du Building de béton, la Ville quintessenciée.
En pratique, F.X. Combes commence par prendre des photographies d’immeubles qu’il va rephotographier à travers l’écran de son ordinateur pour atteindre la distance souhaitée entre le réel et le suggéré, sans utiliser de logiciel de retouches. Il obtient ainsi une série d’images presque identiques du même motif – mais tout est dans ce presque. Ces captures d’écran successives crééent chaque fois des micro-différences de formes, des décalages infimes de lumière. Autant d’occurrences de l’aléatoire que l’artiste va alors s’appliquer à systématiser en procédant soit par multiplication – juxtaposition des images (séries horizontales), soit par reconstruction, à partir d’un fragment, d’un immeuble imaginaire, d’une ville rêvée (séries verticales).
Qu’est-il en vérité, le building, derrière sa façade indéchiffrable, murs opaques et fenêtres aveugles ? Qu’est-elle, la ville, dans son essence intime et au-delà de sa matérialisation immédiate ? A l’origine, le lieu de l’humain par excellence. L’homme construit la ville pour y vivre, y jouir, y prospérer. Mais la ville, dans sa prolifération arrogante, finit par rejeter l’homme dans un anonymat qui est une forme de négation. Rendre compte de cette présence-absence de l’homme au milieu urbain qu’il a façonné, tel est l’un des enjeux de ces images.
La ville, selon F.X. Combes, est certes un lieu habité mais par un être qui, ayant déposé la trace de son passage, se trouve désormais en voie d’évanouissement. De cette progressive disparition – de cette évanescence en cours – témoigne ce tremblement bleuté, ce halo vibratile qui nimbe les buildings en ascension dans leur ciel métaphysique. La succession des couches de présents et des générations qui ont vécu là est encore visible, prégnante par contingences de moins en moins perceptibles, mais la ville est déjà passée à un autre état de ses propres lieux.
Par-delà l’homme qui l’a fabriquée, la ville persiste et dure, se hisse à hauteur de son soi définitif. La ville tend de plus en plus sûrement vers son idéal platonicien. Sous la banalité trompeuse des buildings perce l’archétype fondamental.