L’exposition « Build And Destroy » au Centre Photographique d’Île-de-France constitue la troisième partie de l’exposition « Big Bangers » de David De Beyter. Un film, des photographies, des sculptures et installations déploient autour d’une pratique dérivée de l’auto-cross une esthétique post-apocalyptique.
Les big bangers : la création d’auto-sculptures
Œuvre centrale de l’exposition, le film Just A Good Crash permet de cerner une des sources d’inspiration majeures de David De Beyter pour son projet intitulé Big Bangers, dont cette exposition est la troisième étape. Le film dévoile la pratique des « big bangers », une activité populaire au sein de certains milieux dans le Nord de la France, en Belgique et au Royaume-Uni, qui consiste à détruire des voitures par des chocs violents. Les véhicules sont volontairement accidentés lors de courses sur circuit pour provoquer des «good crashes» (bonnes collisions). Le spectacle final recherché est celui d’une destruction, d’une épave que les amateurs de cette pratique définissent comme une « auto-sculpture ».
Un travail à la fois topologique et anthropologique
Autour de cette démarche qui fait d’un objet détruit une œuvre esthétique, David De Beyter s’engage dans un travail à la fois topologique et anthropologique. L’exposition dépasse le cadre photographique pour rendre également à travers la vidéo, l’installation et la sculpture le lien qui se noue entre cette pratique de la démolition et les paysages dans lesquels elle s’inscrit. On retrouve en effet dans l’exposition la question du paysage, centrale dans l’œuvre de David De Beyter. Celui-ci lit dans les « big bangers » à la fois la mélancolie des paysages du nord et celle de l’imaginaire chaotique de la peinture flamande.
 La poésie de la démolition
Des images statiques ou animées plongent dans ce théâtre de l’anéantissement, au plus près des chocs créatifs, tandis que des débris directement récupérés sur des carcasses de voitures forment des sculptures. Dans son approche plastique comme photographique, le travail de David De Beyter témoigne d’une précision technique rigoureuse qui ne fait que renforcer l’aura mystérieuse et fantastique des objets qu’ils reflètent. On évolue dans l’exposition comme dans un univers post-apocalyptique où les paysages noyés de fumée et de brouillards et jonchés d’épaves métalliques, dégagent autant de poésie que de désolation.