Bucoliques

Saâdane Afif, Pierre Ardouvin, John Baldessari, Delphine Coindet, Maïder Fortuné, Pekka Jylhä, Estelle Lecocq, Pierre Malphettes, Didier Marcel, Françoise Pétrovitch, Qubo Gas, Werner Retterer, Samuel Rousseau, Joe Scanlan, Charlotte Sens et Corinna Schnitt
Bucoliques

« Vous qui cueillez des fleurs et les fraises qui naissent à terre, fuyez d’ici, enfants ; un froid serpent est caché sous l’herbe. » (Virgile – Les Bucoliques, églogue III)

Alors qu’il fait plutôt référence à la poésie pastorale, le terme « bucolique » est souvent employé pour qualifier un paysage plus ou moins domestiqué par l’homme et paré des attributs d’une nature idéale: pâturages et ruisseaux, fleurs et papillons, troupeaux, chants d’oiseaux…

L’exposition « Bucoliques » s’articule autour d’un ensemble d’oeuvres d’artistes aux pratiques, aux engagements parfois très différents, qui représentent de manière partielle, idéalisée ou factice la nature telle qu’elle nous entoure aujourd’hui – du champ au jardin, jusqu’à la simple plante en pot.

Il semble que nous avons toujours besoin d’un peu de nature, en tant que sujet aussi bien qu’en tant que lieu idéal dans lequel projeter nos utopies, voire notre simple repos. Les oeuvres présentées ici ne prennent pas position en faveur de la nature: elles en emploient des fragments, qui les font basculer vers une autre dimension, ou qui leur apportent une précieuse caution de réalité.

Le plus souvent avec humour, elles portent également la trace d’une nature onirique, Arcadie et Paradis perdu, lieux de destination poétique « reconstitués » à partir de formes élémentaires. Certaines flirtent avec la fonction décorative, le motif ou le kit, d’autres agissent par greffe, jaillissement, bourgeonnement, d’autres encore convoquent des formes convenues du paysage, des formes qui
nous soulagent – en apparence.

Première exposition d’art contemporain organisée pour le parc Eana au sein de l’Abbaye cistercienne du Valasse, « Bucoliques » prolonge presque paradoxalement les promenades végétales extérieures de ce site consacré au développement durable.

En traçant un « parcours » à travers des éléments fabriqués, visiblement, gaiement ou lamentablement artificiels, l’exposition engagera avec le visiteur une réflexion sur ce qu’il y a à comprendre de l’attachement de l’homme pour les formes naturelles, sur ce que l’on vient chercher dans un site comme Eana, et sur ce qui fait que, d’une manière ou d’une autre, chacun « fait » ou « cherche » sa plante…

Commissaires : Isabelle Le Minh, Catherine Schwartz