Communiqué de presse
Thomas Chable, Degbava
Brûleur – Odeurs d’Afrique
A l’occasion de l’évènement « Passages: Afriques et créations », imaginé par le Musée des Confluences, la galerie Le Réverbère présente Thomas Chable. Souhaitant proposer une exposition à deux voix, elle invite Degbava de la Galerie Dettinger-Mayer.
L’exposition se déploie dans différents espaces de l’hôpital: dans le hall d’accueil, les vitrines réunissent des travaux des deux photographes. Le parcours se prolonge dans les ascenseurs panoramiques qui laissent découvrir, dans le puits de lumière, de nouvelles images de Thomas Chable. Arrivé en terrasse nord, le visiteur découvre des extraits du livre Brûleur sur une frise photographique conçue pour cet espace étonnant.
Thomas Chable et Degbava présentent également des photographies dans les services de soin pour être au plus près des patients et du personnel soignant.
Publiées en 2000, les Odeurs d’Afrique de Thomas Chable ont été glanées entre 1993 et 1997, au Burkina Faso, au Mali…
Si elles sont relativement pauvres en information, ces images sont en revanche étonnamment riches en sensations; c’est que, à un discours plaqué de l’extérieur et qui serait de toute façon inadéquat, ses images préfèrent l’écoulement et la retenue de ce qui est à peine perceptible, ténu, parfois indicible à force de trop de complexité, ou de trop de simplicité, ou de trop, tout bonnement.
La série Brûleur de Thomas Chable a été réalisée un lieu entre Tanger et Gibraltar, Ceuta ou Tarifa. Quelque part entre 2000 et 2004 – mais la même scène, pas très nouvelle, s’est répétée souvent encore depuis, se rejoue ailleurs…
Des gens partent, ils quittent ville ou village, famille, maison, travail, quand il y en avait. Ils laissent tout derrière eux et parfois leur avenir, franchissent le détroit, font le pas, discrètement, clandestinement, désespérément le plus souvent.
Quittant une terre dont ils se disent qu’elle les a mal portés, mal choyés, pour céder aux mirages plus ou moins réalistes de l’Occident. Venus du Maroc, de plus bas ou carrément d’ailleurs: Turquie, Asie ou Tchétchénie.
Ce sont ceux qu’on appelle les «brûleurs», ceux qui lâchent, larguent, risquent tout; comme nos casinos feutrés ont leurs flambeurs, poussés par d’autres démons, qui pareillement vont trop loin au risque de «se griller» (petits frissons devant la perte et le vide réinventés pour l’homme de confort).
Ses images montrent des paysages ou des hommes, seuls ou entre eux, libres ou prisonniers (de l’Occident ou du rêve de l’Occident). Elles sont pleines d’émotion ou parfois vides parce qu’il n’y a plus rien à voir, que des traces, des lambeaux, les signes d’une mue récente, d’une vieille vie ou d’une vieille peau qu’on a laissées sur place, au milieu des bois et des campements de fortune.
Derrière leur filtre, nos sociétés médiatiques accueilleront plus volontiers leur image que leur souffrance (car si toutes les photos ne sont pas clandestines, alors plus aucune ne l’est). La photo est alors à double tranchant…