Laurent Di Biase, Orion Giret, Christian Marclay
Broken Silence
L’exposition «Broken Silence» présente les œuvres de trois artistes, distinguant ainsi trois approches de ce que, cent ans après Luigi Russolo, il convient d’appeler «l’art des bruits». Exposition sur l’inouï et le silence, mais aussi sur la mutation des choses et leurs usages inattendus, elle est l’occasion de présenter — en contrepoint les unes des autres — des propositions artistiques sur la destruction.
Quiconque conserve de ses heures lycéennes le souvenir des leçons de Physique-Chimie consacrées à Lavoisier sait bien (mais, avouons-le, sans mesurer la portée de ce fait pour lui) que «rien ne se crée». Or, que chaque chose et chaque être soit en perpétuelle transition, c’est non seulement l’idée à laquelle s’accorde Laurent Di Biase (né en 1978), mais c’est aussi ce qui offre un point d’aboutissement à son investigation artistique sur le son et le silence. Ses Broken Objects sont des big bangs, proprement sonores ceux-là , dont l’artiste a figé la mutation d’une manière esthétisante (et pourquoi pas?), et qui renvoient — sans toutefois être chargés de leur dimension auto-castratrice — aux guitares brisées par les rockers anglo-saxons du siècle dernier.
Fireworks 1939-1945 est une œuvre sonore conçue par Orion Giret (né en 1983). L’œuvre, qui consiste en une lecture ralentie de l’enregistrement d’un feu d’artifice, porte sur l’ambiguïté de notre rapport aux explosions. Celles-ci nous apparaissent tantôt festives, tantôt guerrières, et il semble que c’est moins sur la perception du son que sur son interprétation que repose cette ambivalence.
En 2002, Christian Marclay (né en 1955) a collé des partitions vierges sur certains murs de la ville de Berlin. Les ajouts anonymes, graffitis ou suites de notes plus conventionnelles, que les Berlinois n’ont pas manqué d’écrire sur les portées ont été photographiés par l’artiste. Selon Christian Marclay, ces signes offrent un matériel musical éminemment interprétable.