L’exposition « Souvenirs d’avenir » à la galerie Le Bleu du ciel, à Lyon, rassemble des photographies de Brigitte Bauer et Marie Maurel de Maillé autour de l’idée contenue dans la pensée arabe que le passé est devant moi car je le connais lorsqu’il arrive, alors que l’avenir est derrière moi car il demeure imprévisible. Ce paradoxe relie le passé à la connaissance de soi, à la compréhension des phénomènes qui se répètent et des comportements hérités, tandis qu’il fait de l’avenir ce que l’on ne peut prévoir si l’on ne se connaît pas et que l’on reproduit les mécanismes du passé.
« Souvenirs d’avenir » : photographies de Brigitte Bauer et Marie Maurel de Maillé
Autour de la notion de souvenirs d’avenir et des réflexions qu’elle entraîne sur le temps et la mémoire, Marie Maurel de Maillé et Brigitte Bauer ont effectué une sorte de voyage au cœur de leurs souvenirs. Dans la lignée de l’ouvrage American photographs de Walker Evans, leurs images sont nées de l’intuition, chacune d’entre elles obéissant à un ordre intérieure et portant sa part de mystère. Leurs photographies prennent l’allure d’un album de vie entre mère et fille, et entre femmes en âge de créer : au paysages se mêlent les rêves, au réel se mêle l’imaginaire, selon un mouvement d’éternel retour, suivant la progression circulaire de l’histoire.
Brigitte Bauer et Marie Maurel de Maillé offrent une plongée dans la mémoire
A travers leurs photographies, Marie Maurel de Maillé et Brigitte Bauer entraînent le spectateur au fil des pages de deux vies et de leurs deux œuvres mêlés. Le cliché intitulé Haus Hof Land n°33 de Brigitte Bauer revient, à travers la figure du jeune frère, unique présence masculine, à la maison d’enfance. Puis l’image d’une table dressée, sur laquelle trônent plusieurs gâteaux d’anniversaire, souligne le temps qui passe, dressant un pont entre 1987 et 2017, entre l’âge de l’innocence et l’âge adulte.
« Souvenirs d’avenir » une exploration de notre rapport au temps et à la réalité
Les photographies intitulées L’Infante et Aube de Marie Maurel de Maillé renvoient elles aussi au regard d’adulte posé sur l’enfant. Elles s’inscrivent dans une pratique où les images, souvent reliées à des supports de mémoire, qu’il s’agisse d’objets, d’œuvres ou de lieux, conjuguent intimité et théâtralité. L’imprécision de leur contexte, leur aspect indéfini, presque fantomatique, les visages étant souvent cachés, suscite un questionnement sur notre rapport au temps et à la réalité.