L’exposition « Kira vs Carrie » à la galerie Air de Paris propose une confrontation entre deux films de Brice Dellsperger, pour mieux explorer la question du double chère à l’artiste.
Brice Dellsperger explore par le remake la notion de doublure
L’exposition « Kira vs Carrie » associe deux films tirés de la série des Body Double que Brice Dellsperger développe depuis 1995. A travers ce titre en forme de ready-made emprunté au film éponyme de Brian de Palma, s’exprime l’intérêt de l’artiste pour la notion de doublure qu’il explore en réalisant des remakes de séquences de films cultes comme La fièvre du samedi soir, Return Of The Jedi, L’important c’est d’aimer, Eyes Wide Shut, Pulsions ou encore My Own Private Idaho.
Chez Brice Dellsperger, le remake offre l’occasion d’une réflexion plurielle : sur l’identité, le genre, l’orientation sexuelle. Ses films jouent de la multiplicité : la réadaptation bricolée de scènes de films connus transmet une impression de déjà -vu, les personnages sont souvent joués par un seul acteur, souvent transformé en actrice, et qui se dédoublent constamment, entraînant une perte de repères entre transfuges identitaires.
« Kira vs Carrie » : les Body Double de Brice Dellsperger sèment le trouble identitaire
Pour l’exposition « Kira vs Carrie » les films Body Double 32 et Body Double 35 sont projetés alternativement sur un même écran. Dans Body Double 32, Brice Dellsperger rejoue la deuxième scène du film Carrie au Bal du Diable de Brian de Palma, scène pendant laquelle Carrie, souffre-douleur qui deviendra bourreau, se douche dans un vestiaire d’école et découvre que ses mains sont couvertes de sang, tandis que les jeunes filles qui s’amusent dans l’atmosphère brumeuse qui l’entoure se muent finalement en une multitude de variations d’elle-même. Dans Body Double 35, c’est la deuxième scène du film Xanadu de Robert Greenwald qui est reprise. On y voit des jeunes femmes interprétées par un même acteur sortir d’un mur en dansant.
En alternant les deux films, Brice Dellsperger semble associer deux personnages antinomiques : Kira vs Carrie, c’est un être gravitant dans la lumière qui s’oppose à un personnage entouré de brume, l’inspiration et l’amour qui s’opposent à l’annihilation et la mort, la fille d’un dieu contre celle du Diable. Pourtant, une sorte de symétrie se met en place entre les deux, à commencer par leurs noms qui semblent être des anagrammes phonétiques. A travers le regard de Brice Dellsperger, Kira apparaît comme le double de Carrie.