L’exposition « Between Here And Nowhere » à Labanque, centre de production et de diffusion en arts visuels de Béthune, dévoile des photographies du Britannique Brian Griffin dans lesquelles se mêlent son intérêt pour les travailleurs et l’évocation de la Grande Guerre.
« Between Here And Nowhere » : de la Grande Guerre à aujourd’hui
La nouvelle série de photographies de Brian Griffin est le fruit d’une résidence effectuée en 2017 sur la communauté d’agglomération de Béthune-Bruay. Dans le contexte de célébration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, le photographe britannique a choisi d’entremêler son travail habituel sur les figures de travailleurs et un retour sur le passé historique de ce territoire.
Plutôt que la représentation traditionnelle des champs de bataille, Brian Griffin a trouvé dans l’industrie de la pomme de terre le moyen d’analyser le rapport que nous entretenons aujourd’hui avec cette terre qui fut autant le réceptacle du sang versé par des milliers de soldats que la matrice des denrées qui les nourrissaient et nous nourrissent encore.
Brian Griffin mêle réalité actuelle des travailleurs et passé historique
Les photographies, pour la plupart en noir et blanc, de Brian Griffin renvoient des images de travailleurs locaux que l’artiste a choisis pour modèles. Revêtus d’uniformes militaires datant de la Première Guerre mondiale, ces derniers posent au milieu des champs ou dans d’autres contextes agricoles, le corps immobilisé dans une action précise. Ainsi le cliché Two French Soldiers montre-t-il deux hommes se tenant face à face dans un champ après récolte, le front collé l’un à l’autre.
La démarche photographique de Brian Griffin s’inscrit dans une logique postmoderniste qui rejette le rationalisme et l’idée d’une vérité absolue. Fondée sur le doute et l’incertitude, elle offre une narration partiellement fictive qui n’est pas sans rappeler l’univers de David Lynch. En témoignent des détails tels que l’étrange structure tubulaire et géométrique qui, sur le cliché Men in Excavator, emprisonne la tête d’homme caché dans la pelle d’une pelleteuse, ou encore les yeux fermés des modèles, en référence aux surréalistes. En croisant les époques, en brouillant les repères spatio-temporels et en introduisant des éléments inexpliqués, Brian Griffin explore à sa manière notre rapport au corps, à l’industrie et à la guerre.