Yves Trémorin
Breizh to Rythm
Du 14 novembre au 21 décembre 2008, une boutique est installée dans le centre d’art Passerelle de Brest où le visiteur peut acheter des produits comme affiches, cartes postales, badges, vaisselle, textile, objets… Ces articles ont été réalisés par Yves Trémorin en réponse à une commande conjointe du Comité régional du tourisme de Bretagne et du Fonds régional d’art contemporain Bretagne. Ce type de commande, habituellement adressé à des illustrateurs, est fait pour la première fois à un artiste.
Sur le thème de la gastronomie bretonne, Yves Trémorin a réalisé des affiches, reprenant l’iconographie habituelle des produits de la région, évoquant ainsi toutes les facettes du paysage breton, littoral ou terres intérieures. Puis, élargissant la demande qui lui était faite, l’artiste a créé des objets dérivés, de la boîte de sardine au masque pour enfant… L’ensemble est présenté dans un catalogue trilingue (français, anglais, breton) de vente par correspondance édité à cette occasion et sur le site internet www.breizhtorythm.com à compter du 15 novembre.
Yves Trémorin a déjà répondu à des commandes institutionnelles, et réalisé des œuvres pour restaurant universitaire, école d’ingénieurs ou château de la Loire. Mais c’est la première fois qu’il crée des objets dérivés, se référant d’une part à une pratique usuelle dans l’art et d’autre part à leur utilisation commerciale dans la vie courante. A travers cette expérience, l’adéquation entre un parcours extrêmement personnel et ce travail particulier est remarquable. La bouche, symbole du goût, reproduite sur une boîte de sardine, sur un mug, sur un T-shirt aurait pu prendre place dans la série intitulée «La Tribu» (1992), pour laquelle il photographie ses proches.
Alors que les emblèmes culinaires choisis, crabe, langoustine, galette de blé noir, lard, beurre ou fraise font écho à la série des Natures mortes (1993) dans laquelle il présentait préparatifs et reliefs de repas. A la différence près que les images réalisées ici, tout en conservant la rigueur du cadrage serré, la frontalité du point de vue, sont quelque peu «stabilisées» dans le temps entre récolte et préparation. La force de cette dernière série réside dans l’absence de hiérarchie entre les aliments, qu’il s’agisse d’une feuille de chou ou d’une queue de homard. La couleur du fond a autant d’importance que dans ses Blasons (2005), autrement plus symboliques a priori.
Yves Trémorin n’est pas un homme de préjugés, il considère chaque chose sous l’angle le plus inouï, le plus apte a nous entraîner vers des analogies, ironisant sur lui-même, se jouant des images publicitaires prises au premier degré. Autre manière de dire que la Bretagne mérite mieux que des images convenues et que l’identité d’une région n’est pas plus réductible que celle d’un artiste.