L’exposition « Graffiti » au Centre Pompidou est consacrée à la série photographique éponyme réalisée par l’artiste français d’origine hongroise Brassaï. On découvre à travers des tirages d’époque, des livres et revues et des œuvres d’autres artistes cet ensemble de clichés immortalisant les traces laissées par les habitants sur les murs de Paris.
Les graffiti, traces de la vie populaire chère à Brassaï
Dans la Galerie de photographies du Centre Pompidou sont présentées une centaine d’œuvres et de documents qui permettent de découvrir plusieurs clichés inédits de la série Graffiti, tout en la replaçant dans le contexte artistique de l’époque.
De nombreux tirages originaux offrent un aperçu de la série à laquelle Brassaï s’est consacré pendant plus de vingt-cinq ans, du début des années 1930 à la fin de sa vie. Grand promeneur nocturne, amoureux des nuits parisiennes, Brassaï a toujours eu de l’attrait pour la vie populaire et a dès le début de sa carrière porté son regard de photographe sur les lieux interlopes. C’est à la fin de son célèbre ensemble Paris de nuit, publié en 1932, qu’il a commencé à s’intéresser aux graffiti couvrant les murs de la ville.
L’exposition offre une présentation thématique qui suit la typologie instaurée par Brassaï. Les clichés, captant des dessins, gribouillages et signes aussi bien peints que crayonnés, gravés ou sculptés, ont été répartis par Brassaï en série : on découvre une petite tête de diable de la série 8 La magie, une figure gravée d’inspiration sud-américaine intitulée Graffiti, Le roi soleil et appartenant à la série 9 Images primitives ou encore un simple cœur marqué d’initiales, dans la série 6 L’Amour.
Un inventaire qui s’inscrit dans l’ethnologie et la sociologie
La classification témoigne de la façon dont le projet de Brassaï est devenu au fil des années une entreprise de relevé systématique, qui suit un protocole précis, jusqu’à constituer un véritable inventaire. La démarche de l’artiste fait de l’appareil photographique un outil d’observation et d’étude de la vie urbaine. Elle est en cela pionnière dans l’histoire de la photographie moderne et s’inscrit dans les champs d’étude naissants de l’ethnologie et de la sociologie de la vie quotidienne.
A travers des documents, des collages de Jacques Prévert ou encore des lithographies de Jean Dubuffet, l’exposition restitue le contexte de la réalisation de la série Graffiti. Celle-ci reflète l’intérêt pour l’art brut chez des artistes et écrivains proches de Brassaï comme Raymond Queneau, Jacques Prévert, Jean Dubuffet et Pablo Picasso.