Communiqué de presse
Brassaï
Brassaï
Brassaï est connu dans le monde entier. Probablement parce que ses photographies de Paris de Nuit et de Paris secret, prises dans les années 1930, répondent au « cliché » de la capitale française que l’imaginaire collectif entretient. Mais l’immense succès de ces images n’a pas totalement occulté d’autres aspects plus confidentiels de l’œuvre de cet artiste. 

En 1933, Picasso qui appréciait la disponibilité de son regard, lui ouvrit grand les portes de son atelier pour sa collaboration au premier numéro de la revue d’Albert Skira, Le Minotaure, dirigée par Maurice Raynal et Tériade. Bien avant l’invention de l’art brut, il rédigea et illustra pour cette publication un article sur les graffiti, chefs-d’oeuvre anonymes des villes.Â
D’autres participations de Brassaï à cette aventure éditoriale attestent de l’intérêt que lui portaient les surréalistes. Salvador Dali le sollicita pour magnifier l’étrangeté de ce qu’il appelait des « sculptures involontaires» : un billet d’autobus roulé, un morceau de savon usé… André Breton fit plusieurs fois appel à lui pour accompagner des textes (réunis en 1937 dans L’Amour fou.) Le titre de cette exposition est emprunté à celui d’une photographie qui introduit, dans Le Minotaure en 1934, la célèbre déclaration d’André Breton sur « la beauté convulsive ».
Les œuvres choisies, toutes issues de la succession Brassaï, mettent particulièrement en valeur la singulière faculté qu’avait Brassaï, tel son compagnon d’errance Léon-Paul Fargue, d’exalter le charme des « banalités » : une chaise sous la neige, la flamme d’une bougie, l’ombre d’un papillon de nuit , une goutte de rosée sur une fleur de capucine… Ceci explique pourquoi en 1949, Camille Bryen et Alain Gheerbrant intégrèrent huit images de ce photographe dans l’anthologie qu’ils consacrèrent à la Poésie Naturelle, faite non seulement « par tous », comme disait Lautréamont, mais « par TOUT ».
Plusieurs épreuves originales figurent dans l’exposition, notamment celle, acquise en 1981 par le Musée des Beaux-Arts de Nantes, représentant des « cuirs pour semelles de cordonnier » qui accompagnait dans cet ouvrage une lettre de Gaston Chaissac. Seront aussi présentées les trois photographies réalisées en 1945 par Brassaï chez le peintre nantais Pierre Roy, entrées dans les collections il y a un an.
À cet ensemble est jointe exceptionnellement une suite de 12 collages réalisés par Brassaï dans la veine de son ami Jacques Prévert, en détournant les planches d’un album sur Pompéi. Cette pièce de curiosité est montrée publiquement pour la première fois.