DESIGN

Brackets

PElisa Fedeli
@01 Déc 2010

Lydia Gifford redonne à voir l'espace d'exposition de la galerie Marcelle Alix par des gestes picturaux simples, épars et intimes.

Qu’elles prennent la forme de peintures, de sculptures ou de vidéos, les interventions de Lydia Gifford se limitent à quelques gestes manuels simples. Les matériaux qu’elle privilégie (toile, pigment, carton) sont modestes et leur style formel pauvre. Car les enjeux de son travail résident ailleurs. Par ses interventions in situ, la jeune artiste britannique cherche à rejouer notre perception visuelle de l’espace d’exposition.

Dans l’exposition «Brackets», le premier coup d’Å“il du spectateur est happé par quelques toiles abstraites de petits formats. La fugacité de la touche rappelle la gestuelle de l’Abstraction lyrique. Dans un effet d’immédiateté, la main de l’artiste restitue des forces, des tensions, des impulsions. «Je me concentre sur l’expérience, l’expérience sensorielle, en un sens très réel, l’abstraction est la traduction de l’absorption par la vision de l’environnement dans lequel nous nous déplaçons. Cette absorption se fait toujours en mouvement, chaque chose menant à la suivante», explique Lydia Gifford interrogée par Marcelle Alix.

Les peintures ne se contentent pas d’exister pour elles-mêmes. Au contraire, elles dialoguent directement avec leur environnement, Lydia Gifford utilisant les murs de la galerie comme une toile vierge. Des coups de pinceau débordent des châssis. Ils viennent contaminer ce nouveau support, habituellement immaculé, dans un acte quasi profanateur. Plus loin, la forme détourée d’une toile absente permet de révéler la présence du mur. Ces procédés renouvellent ainsi la relation traditionnelle de la peinture à l’espace d’exposition.

Les interventions de Lydia Gifford se situent également à un autre niveau de la vision. Si l’on prend le temps de parcourir lentement chaque parcelle de l’espace, on finit par apercevoir des traits, des taches, des repeints qui se veulent presque invisibles et se dérobent aussitôt. Une sorte de jeu de pistes s’engage alors, pour détailler toutes les manières dont l’artiste a pris possession de l’espace. Les traces renvoient à des actions manuelles simples, infimes et comme provisoires: par-ci un trait vertical tracé au crayon de papier délimite le mur en deux parties; par-là une tache vaporeuse de peinture sied au milieu de la paroi.

Occuper et organiser l’espace d’exposition de manière intime sont les enjeux de ce travail, réalisé in situ. Les éléments picturaux dispersés sur les murs dialoguent entre eux, formant une composition totale où «chaque chose mène à la suivante». Ils invitent le spectateur à se rapprocher de la main de l’artiste, à sentir sa présence dans l’intimité des murs. Tout comme la vidéo présentée au sous-sol de la galerie, que l’on approche à tâtons dans une obscurité volontairement opaque.

— Lydia Gifford, Tie Tie, 2010. MDF, canvas, oil paint, graphite, grease, pencil. 200 x 220 x 2 cm (canvas: 79 x 52 x 2 cm)
— Lydia Gifford, Forth, 2010. MDF, canvas, oil paint, pencil, dust. 185 x 284 x 2 cm (canvas: 72,5 x 51 x 2 cm)
— Lydia Gifford, Circle, 2010. Vidéo. 6 min
— Lydia Gifford, Cast, 2010. MDF, canvas, pigment, beeswax, oil paint. 176 x 75 x 2 cm (canvas: 56,5 x 54,5 x 2 cm)
— Lydia Gifford, Tarr, 2010. MDF, canvas, oil paint, pigment. 218 x 78 x 2 cm (canvas: 58 x 50 x 2 cm)

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