ART | EXPO

Santiago Borja, Daniel Chust Peters, Diogo Pimentão

11 Sep - 05 Oct 2008
Vernissage le 11 Sep 2008

Les œuvres in situ des artistes Santiago Borja, Daniel Chust Peters et Diogo Pimentão investissent l’entrée, la façade nord et la chambre témoin de la Fondation suisse de la Cité universitaire internationale, projetant l’imaginaire de chacun sur la construction de Le Corbusier.

Santiago Borja, Daniel Chust Peters et Diogo Pimentão
Fondation suisse de la Cité universitaire internationale

A l’occasion des Journées du Patrimoine, Maribel Nadal Jové présente trois artistes dans différents espaces clés du Pavillon Suisse de la Cité universitaire internationale, classé monument historique depuis 1986.

Sur la façade nord, intervention in situ, « Halo » de Santiago Borja.

Cette installation reprend un effet purement photographique pour le transformer en sculpture. L’artiste s’intéresse à l’aspect visuel de l’œuvre de Le Corbusier, et en particulier à la façon dont il nous fait voir l’espace aplati comme une image.

La photographie a toujours eu une très grande importance pour Le Corbusier, particulièrement l’idée de mise en scène architecturale et l’image que l’on se fait de l’architecture.

Ayant eu une formation initiale d’architecte, Santiago Borja a réalisé dans son travail plastique des interventions dans l’espace, notamment l’installation à la Casa de Barragán de Mexico ainsi que celle à la Fondation privée Marcelino Botín à Santander (Espagne).

L’installation pour le Pavillon Suisse est la reproduction tridimensionnelle d’un halo photographique. Elle cherche à ironiser sur l’aspect iconique du Pavillon, son aura et son image éternellement fixée.

Il s’agit de repérer un moment précis de la journée où l’on peut effectivement voir le halo, tel qu’il apparaîtrait sur une photographie. L’œuvre devient ainsi la reproduction littérale de son image photographique.

L’installation privilégie l’élément sculptural reproduit par les rayons solaires qui fonctionnent comme le support de l’œuvre et la mémoire de la lumière sera prise dans le temps et l’espace pour former une « image – architecturale ». Santiago Borja souhaite ainsi montrer la façon dont l’installation architecturale apporte plutôt une « image – espace », qui échappe au concept général tant de l’image comme de l’espace.

Dans la chambre témoin

Daniel Chust Peters présente la série « Air Global » réalisée en 2006 pour l’exposition “EUclear reactions” au Centre d’Art Caja de Burgos en Espagne.

L’Atelier est le sujet autour duquel se centre le travail plastique de Daniel Chust Peters. La reproduction à différentes échelles de ce lieu de production, devenu motif, module, décliné sous différentes formes (bijoux, cage d’oiseaux, jeux..) dévoile une quête de sens de la fonction de ce lieu et de l’activité artistique.

Que ce soit pour la première fois en 1990, avec son atelier à Paris, ou depuis 1997 à Barcelone, Daniel Chust Peters décale les perspectives, suscitant ainsi à chaque apparition des scénarios d’appropriation par le visiteur différents. Ce renversement du lieu de travail en sujet du travail met en question l’espace d’exposition par le biais de l’autobiographie.

Dans « Air Global », il reproduit son atelier de Barcelone en papier avec différentes mappemondes politiques et géographiques de diverses époques ainsi qu’avec des photographies satellites.

Ainsi la surface complète de la terre (510 millions de kilomètres carrés) est mise en parallèle avec la surface des murs, du toit et du sol de l’atelier de l’artiste à Barcelone (535,132 m2). La taille de chaque reproduction de l’atelier est en rapport avec la taille à laquelle a été reproduite la surface de la Terre dans la mappemonde utilisée.

Charlotte Perriand a conçu pour chaque chambre d’étudiants, une librairie, une table, un tabouret et un lit, mobilier dont il reste seulement un exemplaire de chaque pièce dans la dite « chambre témoin ». Daniel Chust Peters installera des globes terrestres en forme de petit bâtiment – son atelier – sur ce mobilier de chambre d’étude et de recherche.

Entrée du Pavillon Suisse

Diogo Pimentão présentera différentes œuvres spécialement conçues pour l’exposition. Il investira l’entrée du Pavillon Suisse, l’espace extérieur des pilotis ainsi que le salon courbe.

Le travail de Diogo Pimentão assume le principe minimaliste que toute surface est objet. Jouant avec cette tridimensionnalité de la forme reportée sur le matériau, il attaque souvent la surface soigneusement traitée de la feuille du papier, mais investit également la surface recouvrant les objets.

Ceci sera le cas d’une des œuvres qu’il propose : des noix qu’il a recouvertes de graphite, soulignant leurs nervures. Ainsi, il crée des vestiges de volumes et de gestes, associant la performance, l’aléatoire et la virtuosité du dessin, mais souligne également les marques du temps et du mouvement existant déjà dans la matière.

Ses propositions se déclinent dans plusieurs rapports à l’habitation et au « remplissage » d’un espace. Les noix dont il est question plus haut ont été grignotées par un écureuil. L’artiste les a trouvées chez lui et a imaginé que dans la nature elles auraient servi « d’habitation » à un animal quelconque.

De même pour les éléments en ciment qu’il a récupérés dans un chantier : ceux-ci semblent servir comme base pour un sol, mais leur découpe opérée par l’artiste les assimile aux emballages d’œufs. Un rapprochement entre la vie en ébullition et ce qui la contient.

Son travail de dessin, plus canonique, trouve également ici un écho qui lui sert de support d’élucidation. Ainsi, l’écran plasma (potentiel d’images) qui se trouve dans la salle courbe sera presque, pour ainsi dire, affublé d’un de ses dessins monochromes noirs, constitués de traits superposés, comme les nervures géométriques de son art.

Les deux « écrans » se révèlent ainsi l’un l’autre et s’enrichissent de leur spécificité propre. Des jeux de hasard appliqués aux autres dessins présentés soulignent à leur tour les nervures du temps et des jeux de l’aléatoire qui le célèbrent.

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