Alexis Cordesse
Border Lines
Border Lines regroupe un ensemble d’images à caractère documentaire mises en forme grâce aux technologies numériques.
Réalisées en Israël et dans les Territoires palestiniens, ces photographies témoignent du morcellement d’un territoire où les frontières, tangibles ou invisibles, se superposent et se croisent.
Omniprésentes, elles déterminent les espaces et les hommes dans une région du monde devenue le théâtre d’une actualité permanente, une actualité dont les moindres soubresauts engagent les valeurs de civilisation de l’Orient et de l’Occident. Tout y est à la fois séparation et saturation.
Je choisis des lieux de l’espace public caractérisés par la présence de frontières, qu’elles soient politiques, historiques, sociales ou bien identitaires. En fonction de la topographie de chacun de ces lieux, je décide d’un point de vue, et réalise, dans la durée (de quelques minutes à plusieurs heures), des photographies instantanées des espaces et des personnes qui les pratiquent.
Puis, j’assemble et superpose, par ordinateur, des fragments d’images, de manière plus ou moins perceptible. Les résultats obtenus sont des montages au format panorama qui empruntent aux genres de la scène de rue et du paysage. Les espaces ainsi recomposés fonctionnent selon leur propre temporalité. Tout y est à la fois vrai et faux.
À propos de Border Lines
Les travaux regroupés sous le titre Border Lines ont été réalisés lors de séjours en Israël et dans les Territoires palestiniens. La mise en œuvre de ces images fait foncièrement appel aux technologies numériques; basées sur un montage au format panorama, les images entretiennent avec la réalité un rapport utopique et descriptif.
Les scènes ont toutes été observées à partir d’une topographie précise, mais selon des temporalités différentes. Ainsi, dans le même lieu, les désaccords de temps se trouvent re-synchronisés par l’image et ses coutures laissées apparentes: la terre sainte devient un espace de rencontres possibles, de scènes imaginées tout en restant présente dans sa réalité topographique.
Retravaillées par calques successifs, les prises de vues fonctionnent comme un carnet de croquis et de notation visuelle. Le travail numérique n’est pas mobilisé pour produire une gamme d’effets mais pour requalifier le réel, il s’agit donc d’un usage profond du numérique qui conditionne un rapport au monde.
Le monde dont Cordesse nous parle ici, en ces lieux si symbolique et généralement pris dans les stéréotypes médiatiques, est une grande scène où le quotidien rejoint les enjeux historiques des civilisations qui s’y côtoient.
L’artiste exerce ainsi, à partir des problématiques de traitement de l’image, une pratique qui se tient à mi chemin entre la réflexion sur la responsabilité des photographies et sur le potentiel imaginaire qu’elles déploient.
Attestant, s’il en était encore besoin, que les arts du numérique sont sortis du temps de l’exploration candide de leur ressources expressives pour se muer en de véritables instruments d’innovation créatrice.