L’exposition « Boom boom, run run » au Fonds régional d’art contemporain Île-de-France présente des œuvres de Pierre Paulin qui témoignent d’un intérêt pour le langage et la culture visuelle contemporaine.
« Boom boom, run run » : le logo est la voix d’une poésie générique
Le titre de l’exposition, « Boom boom, run run », reprend celui d’un essai écrit par Pierre Paulin qui s’appuie sur une courte histoire culturelle de la basket pour retracer de façon personnelle l’évolution du sportswear, en la mêlant à celle de la poésie concrète. Dans cet essai, Pierre Paulin, qui convoque aussi bien le groupe Run-D.M.C que le poète américain Jack Spicer, compare les logos de marques de vêtements à des voix prononçant des onomatopées. Cet essai est le fil rouge de l’exposition : il détermine son ambiance poétique et la rythme par ses scansions, mais surtout, il porte son idée centrale : le logo est la voix d’une poésie générique.
Les nouvelles créations de Pierre Paulin poursuivent son exploration du langage à travers diverses formes de manifestation de celui-ci : l’essai et la traduction, la poésie et le prêt-à -porter. La pratique de Pierre Paulin, étroitement liée à la culture visuelle contemporaine, reprend à son compte le terme « look », qui désigne à la fois sa production poétique et les ensembles de vêtements qu’il crée. Ce terme est en effet au carrefour d’une pratique plastique et de l’écriture qui est fondée sur l’exploration des signes culturels.
Pierre Paulin explore le langage et la culture visuelle contemporaine
Le texte est une constante dans l’œuvre de Pierre Paulin : il est présent sur les poches et les doublures des vêtements qu’il produit, dans ses vidéos qui diffusent le poème, dans ses livres qui contiennent des interprétations personnelles de textes théoriques traduits pour être lus à voix haute. De la même façon que la création d’un « look » vestimentaire consiste à mettre au point un style singulier grâce à des vêtements produits en série, un poème doit exprimer une sensibilité personnelle à travers une langue commune dont la constitution nous précède. Articulant vêtements et textes, corps et mots, Pierre Paulin explore le rapport entre l’écrit et la représentation, entre le discours et l’image.