Communiqué de presse
Frédéric Arditi, Antonio Segui
Bois gravés, collages et gravures, peintures et carborundums
Non, ce qui est montré n’est pas ce que l’on voit: un flux ininterrompu d’images, dans lequel nos yeux se perdent à vouloir distinguer le dessin de la couleur, l’habit de la peau, la lumière de l’ombre, le plein du vide, le récit du paysage; mais à se perdre l’on vient de faire un pas pour pénétrer en ce fouillis d’images d’où éclate et se libère en une violence expressionniste, une rigoureuse cruauté du regard comme une guerre sans fin de l’un contre l’autre, pour que ne subsiste sur notre rétine que la matière dont sont faites ces images qui s’entre-pénètrent, une matière à la fois fictionnelle et étonnamment présente: un papier, un bois, une encre, un trait.
Approchons-nous, il serait ici question d’une volontaire inversion entre le plein et le creux, entre le fonds et la forme, rien que cela! Et cette inversion donnerait là toute sa saveur à ce tour de passe-passe, ou, comment se monte, se démonte et se remonte toute image: par découpage, collage, juxtaposition, superposition, addition, pensez-vous? Non, par soustraction et par creusement, par pénétration et par démontage; alors, perdant ainsi leur qualité narrative, ces images ne seraient plus que des images d’images comme devenues les ombres d’elles-mêmes, l’ombre de ton chien, disait la chanson…
Revenons à notre première question: qu’est-ce qui est montré? En un certain tremblement, dû nécessairement au travail imprécis de la gouge, à l’hésitation de ses coups, à sa lente exploration, le trait devient en cette coupure, en cette passe, un espace pour passer, autrement dit le passage de l’autre côté de l’image, en son envers, pour voir comme par derrière, ce qui n’est pas montré là , mais qui devient présent par l’acte même de cette passe, ce qui affleure comme ce qui reste de ce qui a disparu?