Communiqué de presse
Juraj Lipscher
Body Shops
Un lit médical, un appareil de soins, un paysage peint; un tableau noir avec une liste de noms tracés, un calendrier journalier; un appareil de musculation, une plante verte, un tabouret; un couloir, des vêtements suspendus, un balai. Les photographies de Juraj Lipscher montrent des espaces intérieurs fonctionnels.
Leurs titres indiquent non seulement le type du lieu — maternité, institut de beauté, crématorium, abri de défense civile — mais aussi leur localisation. Fasciné dans un premier temps par les objets représentés dans les images, le spectateur se trouve peu à peu troublé par les titres. Bien que ceux-ci forment un système de classement simple, ils perdent leur sens lorsqu’ils sont détachés des images et que celles-ci sont mélangées. Le spectateur qui ne prête plus attention au titre est amené à constater que les lieux montrés ont un grand nombre de caractéristiques communes. Ils sont, d’une certaine manière, tous un peu semblables. Les intérieurs semblent même interchangeables. Ainsi les photographies de Lipscher se répondent-elles dans une sorte de jeu infini d’échos.
«Body Shops» parle de l’homme, et ce, bien qu’on n’y voie rarement une présence humaine. Ce qu’on voit, ce sont des environnements où le corps est pris en charge. Cliniques de chirurgie esthétique, salles d’autopsie, salles de culture physique, les lieux photographiés par Lipscher nous conduisent dans des lieux où l’homme est partout et nulle part. Leurs équipements, leurs machines, leurs meubles trônent au centre d’espaces qui ressemblent à des décors de théâtre. Lipscher dévoile des établissements qui se consacrent à l’humain, des salles où le corps est appelé à subir des traitements adaptés à ses maux pour lui assurer un bien-être.
Les maternités sont destinées à prodiguer les premiers soins de la vie, les instituts de beauté à nous réconforter, les salles de sport à nous muscler, les maisons closes à nous donner du plaisir, les cliniques de chirurgie esthétique à corriger nos imperfections, les abris civils à nous protéger, les salles d’autopsie à nous examiner, les crématoriums à nous réduire en cendres. Lipscher photographie ainsi un monde qui prend soin de l’humain, de sa naissance à sa mort.
«Body Shops» — les magasins du corps — constitue une topographie du corps dans la société contemporaine.
VernissageÂ
Mercredi 4 mai. 18h.