Communiqué de presse
Jean-Pierre Bertrand, Dewar & Gicquel, Trisha Donnelly, Robert Filliou, Carsten Höller, Bethan Huws, Sven’t Jolle, Ken Lum, David Musgrave, Blinky Palermo, Hugues Reip, Joe Scanlan, Andreas Slominski, John Waters, François Curlet, Katharina Fritsch, M/M, Al Hansen, Scott Hyde, Dorothy Iannone, Alison Knowles, Olivier Mosset, Dieter Roth, Mieko Shiomi, Daniel Spoerri
Bob and Breakfast — Robert Filliou et ses invités
La Galerie Nelson-Freeman présente l’exposition «Bob and Breakfast — Robert Filliou et ses invités» sur une proposition de François Curlet. La galerie représente la succession de Robert Filliou depuis 1997 avec la complicité de Marianne Filliou. Après plusieurs expositions d’oeuvres uniques ainsi que de multiples, la galerie avait demandé en 2006 à Jean-Hubert Martin — commissaire notamment de l’exposition rétrospective Robert Filliou à la Kunsthalle de Bern en 1985 — de proposer sa propre sélection parmi les oeuvres de la succession.
Pour cette nouvelle exposition, la galerie invite l’artiste François Curlet, à nous donner sa vision du travail de Robert Filliou, fort également de sa grande connaissance de l’oeuvre dont il est collectionneur et avec laquelle il entretient de nombreuses affinités. Ce que François Curlet cherche ici à souligner, c’est notamment l’aspect contestataire, le travail collectif, plus que le côté «bricolage» plus souvent mis en avant.
Dans ce contexte, il ne s’agit donc pas de montrer exclusivement les oeuvres de Robert Filliou, ou d’en chercher les héritiers, mais plutôt d’inventer de nouveaux liens, de créer de nouveaux «networks» dans un esprit cher à l’artiste. Ainsi se tisse, à chaque fois, une relation très particulière entre les oeuvres de Filliou et des artistes invités aussi divers que Blinky Palermo, Bethan Huws, Hugues Reip ou Carsten Höller. Ces connexions peuvent parfois être formelles, mais le plus souvent il s’agit d’un état d’esprit commun, d’une certaine forme d’humour, de liberté dans le geste créatif.
Papa la bricole — DIY’ dad par François Curlet
Robert Filliou, célèbre aussi pour sa citation trimballée tous azimuts (1), cherchait surtout à se délester des apprentissages techniques divers, dignes du compagnonnage, accompagnés des certificats de tout acabit, ceci afin d’aller vers une vitesse d’exécution proche de la répartie orale et dans un champ d’action compris dans l’écartement des bras. «Poète action» aspirant l’objet comme sujet, une pratique éclairante de son siècle, il ne cherchait pas un label mais la liberté.
Toute une bande de plus ou moins joyeux lurons se sont reconnus incognito pour réagir avec fraîcheur, mimant ainsi les jeux du marketing au travers des éditions et des formules publicitaires dans les années soixante. Publicité galopante, production plastique, médias en éclosion, bombardement de vedettes poussant la chansonnette, calibrées cinq oeufs frais au kilo, du Fluxus avant gadgets, des allemands au pop acide, des mythologies privées ondulant sur les pantalons de velours: tout le monde a défriché devant les promoteurs.
Au-delà du support bricoleur, c’est la rapidité, l’attitude qui est à regarder comme bactérie «Filliouesque» encore vivace, non une singerie au rayon quincaillerie. La liste des invités cherche des points de contact dans la mentalité — difficile de l’arrêter — un choix porté aussi sur des objets accolés dans un immense «suspens-poème» (2) horizontal de Filliou. Tout est bon dans l’inventaire, les techniques et matériaux sont une équipe que l’on peut exploiter sans vergogne. Une liste d’invités de pedigree divers pour se faire plaisir, plus poètes que militants. L’albatros n’est pas loin, le breakfast est continental mais rien n’empêche d’y glisser un oeuf sur le plat…
(1) «L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art.»
(2) Petits poèmes sous forme d’objets assemblés à suspendre, livrés par voie postale.
critique
Bob and Breakfast — Robert Filliou et ses invités