Jacques Halbert
Bleu cerise
Jacques Halbert peint des cerises. Toutes ces cerises peintes, la plupart à l’échelle 1, se distinguent par une forme, une tonalité légèrement différentes; aucune d’entre elles n’est vraiment sphérique, ni écarlate.
La répétition présente des nuances et le point commun des cerises de Jacques Halbert pourrait être leur désir d’atteindre chacune un archétype de cerise.
Commencée en 1975, l’oeuvre de Jacques Halbert s’est construite dans l’entre-deux des pratiques conceptuelles alors en vigueur en France.
Des prises de position du groupe BMPT à celles de Support/Surface, il emprunte des voies proches mais qu’il développe à partir d’un motif réaliste répété inlassablement. La sérialité ainsi qu’une qualité décorative certaine permettent à Jacques Halbert de convoquer la peinture dans sa totalité: support, matière, coulures, mais aussi répétition, illusionnisme et plaisir.
Ces caractéristiques situent l’ambition de cette oeuvre qui, tout en affichant sa radicalité, se construit avec une douce ironie. Jacques Halbert désire concilier l’exigence d’une pratique picturale sérielle avec une gourmandise joyeuse.
Loin de pratiquer l’ascèse, il adresse un clin d’oeil amusé à sa propre existence dans un mouvement de délectation. Cette peinture fait ainsi le lien entre les pratiques conceptuelles et celles de Fluxus, dont l’artiste a été proche alors qu’il vivait aux États-Unis.
Cette exposition est la seconde de l’artiste à Paris depuis 1978.
Dernièrement cette oeuvre a été entre autres montrée lors d’expositions monographiques au centre d’art contemporain Le Creux de l’enfer, à Thiers en 2003, au CCC (centre de création contemporaine), à Tours en 2006, à la galerie Les Contemporains, à Bruxelles en 2010.
Jacques Halbert réalise ses premières cerises en 1975 alors qu’il est étudiant à l’école des Beaux-arts de Bourges. Il rencontre rapidement le galeriste Éric Fabre puis commence à distribuer et à vendre tartelettes et peintures «cerisistes» pendant les vernissages parisiens. Il se lie alors d’amitié avec des artistes comme André Cadéré, Robert Malaval, Olivier Mosset et Orlan…
En 1976 il participe à la troisième FIAC, où il transforme pour l’occasion un triporteur en galerie cerise avec laquelle il circule dans les allées. Une rencontre avec Andy Warhol l’incite à partir en 1978 à New York où il s’installe pour vingt ans. Il se rapprochera du groupe Fluxus pour trouver auprès d’artistes comme Jean Dupuy et Olga Adorno une famille artistique avec laquelle il participera à de nombreuses performances. Rentré en France en 2002, pour retrouver les origines de sa peinture cerisiste, Jacques Halbert partage maintenant sa vie entre Candes-Saint-Martin (37) et Bruxelles.
critique
Bleu cerise