L’aventure chorégraphique du nouveau spectacle de Blanca Li, Elektrik, débute notamment en 2010. Fascinée par les danses électro, la chorégraphe Blanca Li, venue du hip-hop et des danses urbaines, crée alors, Elektro Kif. Une pièce pour huit danseurs, huit lycéens survoltés. Après plusieurs années de tournée et un film (Mathematrix, 2016), l’aventure s’offre un nouvel opus : Elektrik. Une création pour huit danseurs électro — Mamadou Bathily, Jérôme Fidelin, Romain Guillermic, Adrien Larrazet, Khaled Abdulahi, Roger Bepet, Taylor Château, Slate Hemedi, Alou Sidibe. Les quatre premiers interprètes ayant déjà dansé pour Elektro Kif. Suite, continuation et bifurcation, Elektrik s’ouvre en un éclatement musical. Toujours présent dans l’aventure, le compositeur Tao Gutierrez y combine électro punchy et musiques classiques staccato. Antonio Vivaldi, Domenico Scarlatti, Bach père et fils (Johannes Sebastian Bach et Carl Philip Emmanuel Bach), JMBeats… Les rythmes y sont enlevés et relevés.
Elektrik de Blanca Li : la suite d’Elektro Kif, avec huit lycéens devenus adultes
Comme le note Blanca Li, l’une des spécificités de la danse électro (par rapport au hip-hop, notamment) réside dans le mouvement des bras. Très présent. Mais comme toute création jeune et bouillonnante : la danse électro est un work in progress, un mouvement en devenir. À l’instar des plaques tectoniques ne cessant de se mouvoir, en sept ans, la danse électro a changé. Ainsi que les danseurs d’Elektro Kif. D’adolescents à jeunes adultes, de danseurs néophytes à interprètes chevronnés, Elektrik livre aussi cette matière dense qu’est la fabrique de l’expérience. Pour un spectacle espiègle, où se conjuguent dorénavant musiques électro, musiques du monde et musiques baroques, comme une inscription concentrique dans l’histoire chorégraphique. Mais à l’instar des phénomènes électriques : l’échange va aussi dans les deux sens. Il ne s’agit pas de rentrer dans le rang de la danse contemporaine, mais d’ouvrir le champ des possibles.
La danse électro : sept ans de réflexion, de coup de foudre à courant alternatif
Sans oblitérer la dimension industrielle, sans rabaisser la dimension créative, la pièce Elektrik crée son propre vocabulaire, singulier. À la croisée des genres, sur scène se met en place une symbiose chorégraphique. Entre contemporain, électro et hip-hop, huit jeunes hommes livrent les fruits d’un long travail de recherche commun. La méthode de Blanca Li consistant notamment à mettre au jour ce que chacun des danseurs a de particulier, ce que chacun apporte au collectif, en émane ainsi une pièce énergique, intense. S’il y a bien des reflets générationnels et symptomatiques, c’est pour mieux mettre en valeur les sept ans de réflexion chorégraphique. Et si Elektrik, pour le jeu de mot, vient à la base d’un ‘coup de foudre’, c’est aussi pour mieux rayonner sous la forme d’un courant continu et alternatif. Celui de la danse électro, comme processus en devenir.