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Blake Rayne

PNicolas Bauche
@12 Jan 2008

Sur sept affiches, du papier noir, comme froissé, se teinte de reflets bleus, violets ou verts... Le tout se présente comme un caléidoscope, des délires psychédéliques dont la matière indéfinissable déforme nos yeux dans une joliesse de reflets seventies. Prenez garde néanmoins: tout est faux.

3 juin 1976. Rolling Stone, le magazine américain chantre de la pop culture, fait une couv’ historique en épinglant Jimmy Carter, alors président des États-Unis, drapé comme un César dans le Stars and Stripes. En gros titres, Hunter S. Thompson annonce le Great Heap of Faith du grand homme et les États-Unis flamboient dans le monde entier comme la puissance number one. En somme, l’âge d’or.
Mais cette période de gloire est révolue, nous annonce trente ans et des brouettes plus tard l’artiste Blake Rayne dans son exposition à la galerie Hussenot, The Disappearance of the Red Pistacchio Shells (à traduire, grosso modo, par La fin des pistaches rouges!)

La couverture de Rolling Stone est le point d’orgue de cette exposition, à première vue inclassable et volontiers décalée. Elle donne le la esthétique puisque toutes les œuvres sont des affiches. De simples feuilles de papier scotchées sur sept tableaux de grande taille — 190 cm sur 139 cm.
Blake Rayne utilise des moyens de production modernes à souhait — impression inkjet, acrylique, plastique et, surtout, des noix de pistache, seul matériau noble dans ce monde de succédanés.

Car ses productions exposées dans un lieu d’art sont des reproductions, des copies puisque photocopies et affiches. Blake Rayne construit ainsi ses œuvres sur un mode mineur qui revendique à la vue et au su de tous son caractère second et vain.
C’est là l’humour un rien provoc’ de l’exposition qui s’ouvre, pour les amoureux de la nature, d’un topo sur la pistache téléchargé et, évidemment, photocopié du net (answers.com).
Le plasticien semble nous indiquer, par ce procédé de photocopie, que la virtualité de l’art se situe toujours en arrière de nos représentations ou de ce qui nous est donné à voir.

Sur ces sept affiches, du papier noir, comme froissé, se teinte de reflets bleus, violets ou verts, les ombres portées se sculptent dans le blanc et le gris. Le tout se présente comme un caléidoscope, des délires psychédéliques dont la matière indéfinissable déforme nos yeux dans une joliesse de reflets seventies. Prenez garde néanmoins: tout est faux.

Blake Rayne
— Untitled #32, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #33, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #34, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #35, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #36, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #37, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #38, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #39, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #40, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #41, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #43, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled #44, 2006. Acrylic and oil on canvas. 113 x 86,4 cm.
— Untitled, 2006. Acrylic, oil, linen. 190 x 139 cm.

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