Tom Burr
Black and Blue
L’exposition comprend 5 œuvres dont chacune a été considérée en relation avec les paramètres architecturaux de l’espace de la galerie, sous divers degrés d’interaction avec l’espace. Cependant, plutôt que d’être spécifiques au site, au sens classique, les œuvres jouent avec les particularités existantes de l’espace d’exposition afin d’accentuer les états de contrainte et de confinement. Tour à tour, les œuvres accompagnent et immergent la figure du spectateur et deviennent elles-mêmes les figures observées. Cette représentation est aussi présentée du point de vue de sa propre défiguration, avec la possibilité d’effondrement et de chute de l’hybride des architectures / meubles / objets / sculptures / corps.
«Black and Blue» est un prolongement, ou une annexe, de l’ exposition «Addict-Love», qui se concentrait sur la subjectivité moderniste en tant que série d’événements inévitables et préétablis, qui se répètent indéfiniment. L’un des objets emblématiques de cette exposition était le disque vinyle et son tourne-disque où le son est synonyme de l’objet physique dont le début et la fin sont clairement définis et qui doit être manuellement traité et négocié ; et cela peut être répété jusqu’à ce qu’il s’use. Dans «Black and Blue», le tourne-disque redevient un trope central, avec l’album Tommy de The Who comme bande sonore implicite, les enregistrements sur vinyle étant réduits à leur état de simples objets, silencieux.
Dans «Addict-Love», l’exposition est peuplée de plusieurs « personnages » : Chick Austin (le directeur et conservateur de musée américain du début du XXe siècle qui a fait découvrir Gertrude Stein et Picasso, entre autres, au public américain), le compositeur Kurt Weill, le poète et conservateur de musée Frank O’Hara, Gertrude Stein (par le biais de son opéra Quatre saints en trois actes ), Chanel (en tant que marque mais suggérant une personne), des cigarettes, des parfums et des alcools. «Black and Blue» reprendra les vestiges de certains de ces « personnages », entrelaçant ces fragments de subjectivité et de tendances du XXe siècle en jouant avec les structures physiques de l’exposition. Greffée par épinglage, placement, positionnement et support, chacune des cinq œuvres est une combinaison d’armature assemblée et de matériaux bruts trouvés.
Par ailleurs, comme le titre le suggère, «Black and Blue» présente une association accrue d’esthétique formelle et de douleur physique ou de blessure. Entre des choix chromatiques appuyés et la décoloration physique résultant d’une meurtrissure du corps. La notion de corps physique, de ses limites, ses défauts et ses faiblesses (Tommy de The Who était un « gamin sourd, muet et aveugle ») est exposée dans le même espace que les qualités fugitives de la sculpture, où le soutien, mais aussi le positionnement, l’emprisonnement et le confinement de chaque œuvre d’art dépend, à des degrés divers, de son environnement : appuyée sur le sol, enchaînée à un poteau, suspendue, attachée, courbée et enchâssée.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Emmanuel Posnic sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Black and Blue