Présentation
Jérôme Neutres, Anne-Marie Duguet
Bill Viola
Bill Viola, artiste américain né à New York en 1951, est le plus célèbre représentant de l’art vidéo. Il est une référence incontournable de la scène artistique contemporaine. Déçu par l’enseignement qu’il juge trop académique, il rejoint «l’expérimental studio», une section créée pour accueillir des élèves en quête d’expérimentations nouvelles.
En 1972, il commence à mettre en place des installations vidéo et participe à l’effervescence qui entoure ce nouvel art avec Nam June Paik, Bruce Nauman et Richard Serra. Très vite, il acquiert une parfaite maîtrise technique, ses œuvres utilisent des technologies de pointe. Imprégné par les philosophies orientales, découvertes au cours de ses nombreux voyages, Bill Viola cherche à exprimer son cheminement émotionnel et spirituel. Il n’hésite pas à donner des images de lui-même ou de sa famille. Il fait appel à des thèmes récurrents: la vie, la mort, le sommeil, le rêve, l’eau, le feu, le désert, etc.
Le Grand Palais accueille une sélection de vingt œuvres, mêlant tableaux en mouvement et installations monumentales, qui fait de cette exposition la rétrospective la plus importante à ce jour consacrée à l’artiste.
Les vidéos sont tantôt épurées, confinant à l’abstraction, tantôt dialoguent avec l’histoire de l’art en se nourrissant de références savantes et symboliques. Dans les œuvres les plus récentes, le mouvement se ralentit à l’extrême et la vidéo se fait tableau. Le spectateur est partie intégrante de chacune des œuvres de Bill Viola, toutes imprégnées des thèmes favoris de l’artiste: la religion, la vie, le cinéma, la musique, etc.
L’exposition est à la fois une rétrospective de l’œuvre d’un artiste déjà classique, et également un projet expérimental qui interroge l’idée même d’exposition. Ce catalogue replace l’art de Bill Viola dans son contexte historique et culturel, en faisant pleinement éprouver l’intensité émotionnelle des œuvres et en donnant la parole à l’artiste lui-même.
«L’intensité de l’émotion suscitée par les œuvres de Bill Viola est à la mesure de la puissance de ses images, à la mesure des questions ouvertes, immenses, universelles, sur la réalité, la mort ou la mémoire, à la mesure aussi des incertitudes, dans ces zones inframinces entre l’air et l’eau, l’immobilité et le mouvement, la lumière et l’obscurité, l’individu et le collectif, le conscient et l’inconscient. Toute l’œuvre ou presque est l’histoire d’une tension entre deux pôles qui s’interpénètrent, renvoient l’un à l’autre en permanence, car il ne sont, selon Bill Viola et la tradition mystique orientale qui imprègne son inspiration, que deux éléments d’une même unité. C’est aussi l’histoire inexorable d’une traversée, d’une mise au point sans résolution définitive, sans achèvement.
Des marcheurs venus de nulle part passent sans s’arrêter, les dormeurs reposent, mort ou vivant, sous un doux linceul d’eau, la lumière, fût-elle celle d’une lampe torche, révèle des zones obscures où règne le mystère.
«Souvent ce qui manque est le mystère. Vous ne le voyez plus dans le monde de l’art. Vous n’entendez pas les artistes en parler. Et je pense que le mystère est probablement l’aspect le plus important de mon travail. Le mystère est le moment où vous ouvrez une porte et la refermez, et vous ne savez pas où vous allez. Vous êtes perdu. Etre perdu est une des choses les plus importantes.»».
Anne-Marie Duguet
Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition «Bill Viola» présentée au Grand Palais à Paris (mars-juillet 2014).
Sommaire
— La métaphysique de Bill Viola, par Jérôme Neutres
— L’art est un exercice spirituel. Conversation avec Bill Viola et Kira Perov, par Jérôme Neutres
— L’exposition. Sélection d’œuvres, 1977-2013, par Bill Viola
— Rendre sensible le mouvement de l’être, par Anne-Marie Duguet
— Annexes