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Big

PNicolas Bauche
@12 Jan 2008

«Big» est une exposition où l’on voit les choses en grand, où les œuvres définissent des territoires, des atmosphères. En trois mondes — la mer, l’horreur et le petit format — où les pièces présentées ouvrent l’horizon et nous fait prendre le large.

Voir les choses en grand, ne pas confiner l’art contemporain dans des problématiques étouffantes, voilà quelques unes des ambitions qui agitent cette «Big» exposition à la galerie Loevenbruck. Gigantisme, macro et microcosme au coude à coude, les artistes jouent sur les dimensions et nous font pénétrer dans des univers inédits. Étrange étrangeté : le jeu sur les proportions fait doucement flotter nos perceptions. C’est un peu comme si l’on était projeté dans le Voyage fantastique de Richard Fleischer. L’installation When I Have a Skull Full Of Wind de Stéphane Sautour — d’imposantes bouteilles de plongée: pas moins de 200 x 200 x 245 cm — nous fait tout à coup douter de notre taille !

La galerie Loevenbruck ne confond pas pour autant l’art contemporain avec un parc d’attractions. Si Les Gras (2004) de Virginie Barré — une ronde de monstres hirsutes et de squelettes à taille humaine — nous concocte un rendez-vous avec le frisson, c’est pour rendre aux ténèbres leurs lettres de noblesse. «Big» est avant tout une exposition sensitive où les œuvres définissent des territoires, des atmosphères. En trois scènes: la mer, l’horreur et le petit format. Trois mondes où la congruence des pièces présentées ouvre l’horizon et nous fait prendre le large.

Tout le charme de «Big» réside dans cette mise en situation. Une marine naît ainsi d’œuvres éparses, Nelson (2002) d’Alain Declercq, Aruba 49cc (2005) de Daniel Dewar et Grégory Gicquel, et When I Have a Skull Full Of Wind. Sept panneaux en placoplâtre, criblés d’impacts, dessinent les contours d’une flotte amirale, ils brossent l’assaut final de la bataille de Trafalgar. Des hauts-faits historiques… en pointillés !
Il suffit de se retourner pour que notre regard s’échoue sur un banc de sable. Aruba 49cc transcende un bric-à-brac de matériaux — de la céramique, de la roche volcanique, des quads embourbés —, et découvre à nos yeux ébahis de poétiques coraux, si ce n’est un rivage enchanté.
Un délice mousseux: les tuyaux, les pétales de céramique et autres reliefs s’animent sous les couleurs — vert d’eau, jaune canaris, bleu tacheté de violet — d’une vie rétinienne magique.

Ce sont là les «clous du spectacle»: d’un procédé enfantin — ces jeux où des points doivent être reliés pour achever un dessin —, Declercq tire une œuvre brillante, ranimant l’art historique. Mais le point fort de l’exposition tient à l’imaginaire. En prenant en compte la réception des œuvres, l’intensité du sentiment, Declercq et le duo Dewar/Gicquel ramènent le spectacle esthétique dans les galeries. C’est loin d’être Disney, mais c’est sacrément dépaysant !

Traducciòn española : Maïté Diaz
English translation : Margot Ross

Stéphane Sautour
— When I Have a Skull Full Of Wind , 2006. Installation.

Bruno Peinado
— Sans titre, 2006.

Daniel Dewar et Grégory Gicquel
— Aruba 49cc, 2005. Installation.

Alain Declercq
— Nelson, 2002. Fresque murale.

Virginie Barré
— Les Gras, 2004. Installation.

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