Laurent Chanel, Arnaud Louski-Pane, A.R.N
Biennale Internationale des Arts de la Marionette. To Fall Is To Understand The Universe
Cette substance, cette entité qui matérialise To Fall Is To Understand The Universe possède les caractéristiques du vivant. Elle contient la manifestation de phénomènes physiques capables d’entrer en écho avec les phénomènes physiques internes au corps humain. Le spectateur se trouve alors face à une entité renfermant une part de sa propre nature.
Au centre du public disposé en cercle, deux individus accompagnent la croissance de la substance au centre de ce rite. Leurs mouvements, leurs déplacements interfèrent avec son évolution ascensionnelle. Sans poids, cette troisième présence expose sur le plateau ces constantes mutations formelles jusqu’à sa disparition, figure de l’entropie, condition commune à tous les êtres vivants.
Fictions gravitaires
«Ma recherche s’appuie sur des années d’expérimentations artistiques autour de la gravité. Cette volonté d’explorer la matrice espace-temps-gravité m’amène à concevoir des systèmes générant du vertige perceptuel.
Il s’agit de bouleverser nos perceptions gravitaires par la production de dispositifs qui simulent des gravités monstrueuses. Une monstruosité qui n’est que le résultat d’un changement d’échelle (en amplifiant les perceptions corporelles internes ou en changeant l’échelle des phénomènes externes) et d’une mobilité (quelle forme serait produite par une pression différente et changeante sur chacune de ses parties).
Puisque la gravité modèle la substance, j’ai choisi d’exhiber des matières qui ne possèdent plus de forme fixe mais qui sont l’incarnation de cette gravité utopique et sidérante: des formes mutagènes, des volumes informes, des substances métamorphes. Parce qu’elles sont mouvantes, parce qu’il s’agit de matières animées – comme on dit dessins animés – elles possèdent l’apparence du vivant. Cette cinétique, comme un rite animiste, crée la sensation d’une présence, d’une identité qui émanerait du matériau.
Impossible de ne pas éprouver d’empathie face au vivant, il y a de nous en cette matière, il y a de ça en nous. Les fictions produites ne sont plus fondées sur un référent culturel ou psychologique mais sur notre rapport perceptuel, notre inéluctable relation au monde physique, environnement qui nous entoure, nous englobe, nous engendre.
Matérialiser le vivant et non pas le représenter, simplement manifester des entités.» (Laurent Chanel, Février 2013)