Marina Abramović et Ulay, Terry Allen, Laurie Anderson, Étienne Bossut, Daniel Firman, Henry Flynt, Jean-Michel Basquiat, Jean-François Gavoty, Louis Jammes, William Kentridge, Le Gentil Garçon, Marlène Mocquet, François Morellet, Hans Neleman, Nam June Paik, Eduardo Paolozzi, Steven Parrino, Paolo Nimer Pjota, Peter Robinson, Thomas Ruff, Ed Ruscha, Jesús Rafael Soto, Daniel Spoerri, Laurence Weiner
13e Biennale de Lyon. Ce fabuleux monde moderne
«Moderne, chapeau!». Cette exclamation d’Ed Ruscha, qu’il lâche en 1980, aurait pu être le titre de l’exposition du Plateau. L’artiste californien évoque ici, avec cet humour métaphysique qui le caractérise, l’impression que lui a faite l’architecture moderne du quartier Pedrigal à Mexico: un assemblage d’expérimentations et de constructions désuètes, qu’il a vues vingt-cinq ans auparavant. Ce moderne est passé (au sens où « les faits sont faits» (Bruno Latour)) mais il est cependant encore bien présent, tant il évoque la délicieuse nostalgie d’une promesse de bonheur jamais tenue qui s’effrite sous nos yeux, à l’image Des masses de métal en train de rouiller répandant des taches sur le sol de Lawrence Weiner. Évoquer les frasques et les bonheurs de «Ce fabuleux monde moderne» telle est l’intention de l’exposition qui rassemble trente Å“uvres de la collection du Musée. L’image en sera celle de l’art et celle du monde, imbriquées.
The Back of Hollywood d’Ed Ruscha, Å“uvre de 1977, ouvre sur l’envers du spectacle. Cette peinture lumineuse d’un éternel soleil couchant cinématographique, ne saurait être autrement que spectaculaire. Avec L’art mol et raide… sculpture d’Erik Dietman de 1985-1986, ce sont trente-neuf crânes perplexes et souriants qui, depuis le sol, sur leurs bribes de bronze, contemplent un inaltérable point de fuite: un rectangle malhabile sur une feuille de papier anonyme. C’est une manière toute satirique d’anticiper notre futur proche: la perspective d’un squelettique carré vide. Plus loin, les citadins anonymes de Thomas Ruff sont associés aux citoyens maoris de Hans Neleman, cravatés, aux tatouages rituels: l’ancien et le moderne, sans querelle aucune, filent un parfait amour. «On m’a donné la chemise de mon père quand il est mort. Mon moko est pour moi un membre de la famille. Ce n’est pas effrayant ou radical, seulement une part naturelle de la vie» dit de son portrait photographique James Patariki. Un peu plus loin Nam June Paik et ses tout premiers téléviseurs (reconstruits par l’artiste à l’occasion de la 3e Biennale de Lyon en 1995) jouxtent The Handphone Table (1978) de Laurie Anderson, dont nous entendons le son caché, grâce à nos os conducteurs, en nous bouchant les oreilles. De leur côté, Abramović et Ulay s’envoient des claques, hurlent, s’enchevêtrent et finalement se cousent la bouche. C’est une installation créée en 1988 à la suite des performances réalisées par les deux artistes en 1976, dont le Musée conserve toute l’Å“uvre commune. En déambulant, les masques modernes de Mathieu Briand de 2001 nous permettent de voir ce que voit l’autre derrière le monde flottant.
C’est un transfert de regard à l’âge numérique, un partage des codes de l’image. Quant à l’exposition, elle ouvre avec une Procession d’ombres, à la manière de William Kentridge. Tout cela ne serait-il qu’une mascarade ?
Commissariat
Thierry Raspail
Lieu
Le Plateau. Hôtel de Région Rhône-Alpes
1, esplanade François Mitterand
69002 Lyon
Lien
Annonce Agenda de la 13e Biennale de Lyon. La vie moderne