Ambra Senatore
Biennale de la danse. Création 2014
Et si chorégraphier c’était parcourir des pistes non linéaires pour arriver à une écriture précise qui se construit par couches d’indices? Et s’il s’agissait de dessiner en mouvement des portraits d’humanité? Et si en plus le partage avec les spectateurs était direct et vivant?
Soit un groupe, qui s’organise tant bien que mal, avec ses règles, ses folies et son possible assemblage graduel d’indices, façon puzzle. Entre terrain de jeu et dynamiques de relation, ainsi se suivent et se structurent les pièces d’Ambra Senatore depuis la fin des années 2000.
Au programme: actions, courts-circuits, trompe-l’œil et petites danses intempestives, on s’amuse avec la chorégraphe turinoise. Mais pas que. Dessous, dessus et parfois même en coulisses, une petite couche piquante, comme un poison euphorisant.
Dans A posto (2011), c’est un déjeuner sur l’herbe au féminin qui tournait au vinaigre. Pour cette fois, le groupe s’est étoffé et se donne encore plus aux dynamiques dansées, mais continue de creuser le sillon du petit quotidien. Bien net, bien tranchant, le sillon. Ironie dans une main, doctorat d’histoire de la danse contemporaine dans l’autre, Ambra Senatore opte pour le montage et l’effet cinématographique.
Jusque dans les corps, assignés à l’ellipse, à la répétition, au ralenti, au suspense, voire à l’erreur de bobines. Ou comment cette héritière dissipée de Pina Bausch défonce en toute élégance de nouvelles portes entre danse et théâtre.
«C’est comme si on regardait à travers une loupe les petits faits qui nous rassemblent tous avec parfois une dérive surréelle.» Ambra Senatore