Mathieu Bonardet, Elodie Brémaud, Jacques Clayssen & Patrick Laforet, Dector & Dupuy, Hamish Fulton, Félix Gmelin, Jiri Kovanda, Richard Long, Etienne-Jules Marey, Jean-Christophe Norman, Yohann Quëland de Saint-Pern, Enrique Ramirez, Fiona Tan, Laurent Tixador…
Biennale de Belleville. Cammina Cammina
La 3e édition de la biennale de Belleville n’est pas pensée pour accueillir des expositions: marches, randonnées, parcours, sillonnent la ville en tous sens; les artistes invités y ouvrent de nouvelles liaisons pédestres, réécrivent à la craie des textes célèbres sur ses trottoirs, incorporent son décor au scénario de leur divagation; les curateurs donnent rendez-vous dans des bars pour y écouter des fictions; les visiteurs sont invités à s’immerger dans l’histoire de la construction de Paris, priés de se rendre sur des sites Internet où des artistes de Brooklyn leur décrivent des œuvres qui resteront invisibles.
On l’aura compris, cette édition de la biennale fuit l’objet d’art et sa destination habituelle, l’exposition, pour privilégier une relation renouvelée à l’œuvre. Aussi, l’exposition du pavillon Carré de Baudouin n’aura que les apparences d’une exposition classique et relèvera plus de ce désir de déplacement, cherchant à rendre le visiteur autonome et mobile plutôt qu’à lui imposer la statique des cimaises.
Les œuvres qui y seront présentées seront plus à envisager comme témoins d’une «tradition» de mise en retrait de l’exposition — de Robert Smithson qui souhaitait éloigner les œuvres le plus loin possible des métropoles pour forcer les spectateurs à s’y rendre, à Hamish Fulton qui poursuit ses marches à travers les grands espaces et qui a fait de l’expérience corporelle et de l’esthétique de la marche le cœur de son travail — ou de l’idée d’une exposition in progress — Laurent Tixador déposera le jour du vernissage, sur une table prévue à cet effet, les objets fabriqués durant sa «longue marche» entre Nantes et Paris, invitant les futurs «randonneurs» de la biennale à se joindre à ce projet collectif.
Issues des projets extra-muros, à l’instar du film de la liaison pédestre Gagosian-Le Bourget/Ropac-Pantin de Clayssen et Laforet, les autres œuvres fonctionnent comme traits d’union vers l’extérieur et invitent à participer aux multiples propositions de parcours collectifs ou solitaires, guidés ou libres, qui définissent la biennale.
L’exposition participe d’un dispositif organique se déployant dans tout le centre d’art, incluant librairie, artothèque, cinéma dans l’auditorium et borne d’accueil fonctionnant comme un quasi office de tourisme dont les destinations ainsi que les pratiques restent à définir et à inventer par les visiteurs mêmes.