Dans le cadre de la première édition de la Biennale d’Architecture d’Orléans, le centre d’art contemporain Les Tanneries, à Amilly, propose un dialogue entre le travail de trois architectes, Guy Rottier, Thomas Raynaud et Manthey Kula Architects, et celui des artistes Suzanne Husky et Benoît Piéron.
La Biennale d’architecture d’Orléans mêle art et architecture
La première Biennale d’architecture d’Orléans, intitulée « Marcher dans le rêve d’un autre », axe sa programmation autour du rapport entre l’art et l’architecture et croise les regards que portent plus de quarante architectes contemporains sur les façons de construire un monde commun où les êtres se rapprochent. Dans ce cadre se répondent l’architecture historique de Guy Rottier et celles, contemporaines, de Thomas Raynaud et de l’agence norvégienne Manthey Kula Architects.
Les œuvres de Guy Rottier permettent de redécouvrir une architecture expérimentale qui s’est heurtée aux lois et aux réglementations en vigueur, une architecture qui se voulait « plus originale et plus ludique ». A travers plus de cent cinquante dessins, photographies et maquettes, l’exposition rend hommage à l’une des personnalités artistiques et architecturales les plus singulières de la seconde moitié du XXe siècle.
Nourries par un parcours de vie foisonnant et des inspirations multiples, de Le Corbusier aux artistes iconoclastes de l’école de Nice, ses projets de Maison de vacances volante, de 1964, de Maisons enterrées ou encore Ecopolis, ville solaire, une des premières organisations urbanistiques à prendre en compte la répartition de la lumière solaire dans les bâtiments, mêlent poésie et technique, art et architecture.
Des architectes Thomas Raynaud et Manthey Kula Architects aux artistes Benoît Piéron et Suzanne Husky
L’installation No Man Is An Island conçue en 2017 par l’agence norvégienne Manthey Kula Architects forme un paysage qui retrace le parcours de cinq personnages historiques ayant connu l’exil et l’isolement. Elle s’inscrit dans une approche narrative et fictionnelle de l’architecture, qui met en jeu des personnages et ses lieux précis. L’architecture conçue par Manthey Kula Architects se veut mouvante, en adaptation constante aux récits qui donnent forme à l’espace. Avec son projet Une retenue d’eau, Thomas Raynaud s’intéresse à la question du paysage et de la réhabilitation : à travers un dispositif minimal, il souligne ce qui constitue pour lui l’enjeu premier de l’acte architectural : délimiter l’espace.
Les artistes invités dans le cadre de la biennale développent un travail ouvert aux problématiques architecturales et proposent ici des dispositifs qui s’articulent avec l’espace spécifique des Tanneries. La structure Sleeping Cell de Suzanne Husky, sorte d’igloo réalisé en pieux de bois, évoque autant les premières habitations humaines qu’un terrier ou un nid et mêle réflexions architecturale, environnementale, anthropologique et sociologique. L’Installation in situ de Benoît Piéron forme un dispositif immersif et évolutif dans lequel le visiteur éprouve une dilatation du temps. L’artiste poursuit à travers elle son exploration de ce que signifie « habiter le monde » en nourrissant ses recherches plastiques de la lecture du récit Walden ou la Vie dans les bois dans lequel l’écrivain américain Henry David Thoreau relatait en 1854 ses deux années passées dans une cabane, dans la forêt. En confrontant son Å“uvre Lit nuptial à une tente biomimétique inspirée des nervures d’une feuille, Benoît Piéron tente de réenchanter la sphère domestique et de réconcilier nature et culture.