Communiqué de presse
Kirill Smolyakov
Biélorussie. Retour vers l’inconnu
Remarqué lors du Photographic Portrait Prize de la National Gallery de Londres en 2006, Kirill Smolyakov présente les photographies de sa série « Retour vers l’inconnu ».
Elles montrent avec réalisme et mélancolie, les paysages et la vie quotidienne de son pays natal, qu’il retrouve après trois ans d’absence passés en occident.
Au travers d’images fortes, poignantes de vérité, on mesure la distance qui le sépare de ceux qui n’ont pas fait le même chemin que lui.
Les images mettent en retrait la relation intime que Kirill Smolyakov a pu avoir avec les lieux, les personnages ou les choses qu’il photographie, mais qui lui sont aujourd’hui presque étrangers.
Ses amis photographiés et les objets importés d’occident évoluent dans un décor témoin du passé soviétique, comme si le temps s’était arrêté.
Ces photographies évoquent en même temps les transformations d’une société, longtemps restée en marge du monde contemporain, mais qui conserve son caractère insaisissable. Leur composition et leurs couleurs renforcent le regard extérieur du photographe.
A la limite de l’intime et du documentaire, les photographies de Kirill Smolyakov sont à la fois un témoignage sur l’errance de la jeunesse des pays d’ex-Urss, et l’expression personnelle d’un doute.
« Biélorussie. Retour vers l’inconnu »
A l’âge de 16 ans, mes parents m’ont envoyé au Royaume Uni pour suivre un diplôme d’économie. “Tu es mon dernier espoir, mon fils. Je crois en toi, alors ne me déçois pas” : tels étaient les mots de mon père. Et bien si, j’ai déçu ses rêves et ses espoirs en suivant ma passion, la photographie, au lieu de devenir un homme d’affaires.
Pour moi, être dans un pays de culture différent était une aventure excitante. J’étais un jeune homme libre. J’en ai profité, parfois jusqu’à l’excès. Mais petit à petit je me suis senti aliéné et incompris. Je me suis simplement senti seul, en partie à cause de mon arrogance et de mon ignorance, mais surtout parce que je pensais qu’un vrai artiste doit être libre et solitaire.
La photo est devenu progressivement ma passion. Dans un premier temps, je prenais mon appareil photo occasionnellement, pour adoucir mes sentiments coupables de la nuit précédente. Mais la photographie était aussi une façon de voir le monde d’une autre façon qu’avec un regard amer et rebelle sur les choses.
Je n’ai pas pu rentrer en Biélorussie pendant trois ans. J’étais un homme sans pays et sans famille. J’avais l’impression d’avoir perdu mes racines. Je ne peux pas dire que j’en souffrais beaucoup, je savais que ma famille et mes proches étaient là pour moi.
L’été dernier, je suis rentré au pays, et j’y ai réalisé que je ne lui appartiens plus, je suis revenu vers l’inconnu. Maintenant je me rends compte que tout cela fait partie de mon choix. J’ai photographié des personnes et des lieux qui me sont à la fois proches mais en même temps aujourd’hui si distants. Kirill Smolyakov »
Vernissage
Jeudi 15 janvier 2009. 18h30-21h.