ART | EXPO

Between the Days

12 Mai - 30 Juin 2012
Vernissage le 12 Mai 2012

Matt Bollinger a subi avec appréhension l’emprise des rêves agités de l’adolescence, notamment, angoisses qu’il tire désormais à la lumière grâce à la pratique du dessin. Dès lors des figures et des paysages sortent de l’ombre, proches fantômes et lieux familiers qu’il couche aussitôt sur le papier, comme les plans séquences d’un film noir.

Matt Bollinger
Between the Days

«Du temps de l’adolescence ne subsiste le plus souvent qu’un album de souvenirs dont les images remontent de temps à autre à la mémoire. A la lumière du présent elles semblent avoir pâli et pourtant elles s’imposent parfois avec insistance, illustration de ces instantanés d’angoisse ou de félicité qu’un rêve agité délivre au réveil.

Un jour Matt Bollinger réalise un très grand dessin au graphite sur papier en trois parties assemblées comme un écran panoramique, About Midnight Saturday (2010-2011), associé à un haut-parleur dessiné en 3D assorti de la bande-son du récit de son père lui racontant ce soir tragique, où il fut frappé de plusieurs coups de couteau. A cette œuvre de référence, récemment exposée au Zürcher Studio de New York (novembre 2011) ainsi qu’à Art Los Angeles Contemporary (janvier 2012), répond aujourd’hui dans cette exposition un grand collage peint en couleur: Grand Prairie School (2012).

Matt Bollinger peint des morceaux de papier qu’il déchire et colle successivement en montant du fond vers la surface de manière à ce que la sensation colorée se combine à celle de la matière, comme s’il était possible de «toucher la couleur». Dans Grand Prairie School, en plaçant parallèlement deux instants différents d’une même scène dans un espace continu et en accompagnant par la dimension tactile du collage le caractère narratif du sujet, il provoque le trouble que procure une présence physique. Ces collages d’impressions indéfinissables alliés à des souvenirs précis jusque dans les détails, procurent un sentiment de nostalgie et de solitude, relevant d’histoires vécues ou de situations réelles. Matt Bollinger revient sur son passé d’élève à Kansas City (Missouri).

Ses dessins et ses collages sont autant de story boards où ont été méthodiquement notés quelques épisodes autobiographiques sans relief apparent, dans l’univers un peu glauque des salles de classe et des vestiaires. D’autres vues sont prises à l’extérieur dans le voisinage du centre commercial. En véritable cinéaste, Matt Bollinger imagine le scenario et tient la caméra. Il y a des plans fixes: Des garçons immobilisés par un «arrêt sur image», des zoom sur une façade ou des gros plans sur un objet tel ce livre à la couverture noire en partie consumé. Mais sur le fond de cette banalité des lieux et des circonstances, se détachent des formes aux accents subtils avec des tons rompus ou contrastés, tandis que le sens de la composition l’emporte sur la représentation des objets, et que ce qui importe avant tout, est la production de signes dans un espace abstrait.»

Bernard Zürcher

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