Eugénie Bachelot-Prévert, petit-fille du poète, ne se contente pas d’administrer son héritage : elle le perpétue avec son style unique, dans lequel on ne peut s’empêcher de chercher la vibration, la candeur, et la joie de vivre des poèmes populaires qui égayaient les heures de classe.
La série des Betty 1997 n’est d’ailleurs accompagnée que d’un court communiqué de presse, rédigé à la main, d’une écriture enfantine ; des mots touchants sur toute une famille d’artistes, et sur l’effervescence des écoles d’art, dans les années 90. « Et il y avait un esprit espiègle, subversif, qui me plaisait beaucoup » confie Eugénie Bachelot-Prévert. Les Betty, peintes pendant ces années d’insouciance et de complète immersion dans la peinture, aux Beaux-Arts de Paris, reflètent cette gaieté taquine.
Les Betty, avec les craies de toutes les couleurs
Il semblerait que dans la famille, le mot d’ordre soit « Ne pas se prendre au sérieux » ! Des formes très rondes, des couleurs vives, de grands aplats rouges et jaunes, des tulipes écloses et un érotisme féminin et naïf, c’est ce qu’on retrouve dans toute la série des Betty 1997.
On devine des seins, des jarretelles, sur une toile une main tenant un pistolet qui pourrait bien être un pistolet à eau, sur une autre un monstre souriant… C’est en tous cas un univers de rondeur, où tout se montre, sur une dimension. Pas d’ombres, pas de perspectives, pas de recoins où cacher des choses : les toiles d’Eugénie Bachelot-Prévert, dont de grandes cours de récré où elle invite ses idées, ses formes et ses monstres à jouer et danser.
Les Betty, série réalisée en école d’art
Faut-il y chercher l’influence du street art ? Les coulures apparentes, sur certaines Å“uvres, un « honey » à la bombe aérographe, laissent deviner des essais de techniques multiples. On sent que la série a été réalisée alors que l’artiste était en école d’art : comme aux Beaux-Arts, les méthodes, support, influences s’y mélangent, sans beaucoup de logique, pour essayer, tester, suggérer, et surtout explorer.
En cela, ces œuvres sont très modernes : y co-existent beaucoup de modes artistiques des années 90, qui y dépassent les rivalités de courants ou la concurrence des écoles. « Et soudain, le fou rire les prend ».