Matti Braun, Nathan Carter, Gabriel Kuri
Berlin-Paris 2010 – Un échange de galeries
Esther Schipper à la galerie Nathalie Obadia
Pour le deuxième échange Berlin-Paris, organisé par le Bureau des arts plastiques et l’Ambassade de France de Berlin, Esther Schipper présente Matti Braun, Nathan Carter et Gabriel Kuri. Cette exposition de groupe offre à chaque artiste un espace et permet pour la première fois en France un aperçu plus complet de leurs travaux. Trois positions différentes, mais dont les préoccupations ne sont pas si divergentes. Matti Braun s’intéresse aux cultures, à leurs migrations et transferts, Nathan Carter dévoile les réseaux et les mutations du monde et Gabriel Kuri dévie les objets du quotidien.
Les oeuvres de Matti Braun sont des invitations au voyage. Leurs processus de création sont issus d’un travail de recherches et de connaissances sur les interpénétrations des différentes cultures: des faits historiques, géographiques, des observations, des souvenirs, des images et formes deviennent la trame narrative de ses travaux précis et minimalistes.
Ainsi l’Inde et l’Indonésie et leurs relations avec l’occident, inspirèrent à Matti Braun deux ensembles d’oeuvres LOTA, en 2006 et ATOL en 2008. Entre autre la grande tenture de coton aux dessins géométriques, conçue pour l’espace de la galerie Nathalie Obadia, réfère aux divers rapports et échanges – comme par exemple la reprise de compositions sérielles occidentales en Inde et Indonésie. Le motif simple rappelle également ceux élaborés par le National Institute of Design, l’Ecole de design, créée en 1961 à Ahmedabad, sur le modèle du Bauhaus. De même les batiks, techniques traditionnelles de d’Indonésie, que l’artiste s’est approprié, deviennent pour lui source d’inspiration et modèle, nouveau renvoi de l’histoire.
Nathan Carter apporte une réflexion et une approche sur notre système de réseau codifié, emprunté à l’affluence d’informations. Il recrée, par des éléments simples et colorés, un ensemble de travaux qui par leur caractère ludique et léger nous invitent à réfléchir sur un monde complexe. Ses oeuvres récentes se présentent comme des petites antennes ou paraboles, promettent une nouvelle perception des messages à envoyer ou à recevoir. L’oeil cherche et suit les lignes qu’il crée, et s’évade. Par ses sculptures et ses collages il réussit à nous perdre dans nos dédales de communication et de pensées. Ce foisonnement d’informations s’exprime chez Nathan Carter dans un langage formel simplifié où se fait sentir l’influence des avant-gardes américaines.
Gabriel Kuri utilise dans ses sculptures et installations des artefacts du quotidien; la déhiérarchisation des matériaux et l’insertion d’objets collectés et usés comme des savons, tickets de caisse ou de parking, des billets, des cannettes ou des mégots comme ceux placés avec grande précision entre les plaques de marbre des pièces ici présentées, permettent une recontextualisation des produits issus de notre société de consommation.
De même et comme le suggère le titre Self portrait as a contention and flow chart, l’oeuvre est un autoportrait, mais il devient chez Kuri un simple morceau de toile isolante flanqué d’une bouteille et d’un sac en plastique remplis d’alcool, il donne ainsi une nouvelle poésie aux objets du quotidien. Au travers de l’exploration de thèmes tels les structures économiques, les spécificités culturelles, il développe un travail d’assemblage où concept, réalité et expérience rentrent en dialogue.
Article sur l’exposition
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critique
Berlin-Paris 2010 – Un échange de galeries