Quatre artistes allemands exposent dans les murs de la galerie Kamel Mennour. Quatre grands formats, lourds et imposants. La plongée dans cet échantillon de la peinture berlinoise s’amorce, comme un commencement, avec la toile grand format de Jen Ray dans laquelle des femmes aux allures d’amazones semblent fomenter une révolution dans le chaos et la débâcle la plus totale.
Jen Ray emprunte aux codes de la bande dessinée ces personnages féminins poitrineux et galbés, nous plongeant dans un lieu fantasmagorique où se mêlent anarchiquement sexe et romantisme. Ces mêmes codes sont repris dans la vidéo présentée dans le Tube de la galerie, où défilent frénétiquement sur fond de musique hardcore, des personnages et des formes géométriques.
Le pavé dans la marre, c’est celui de Christian Andersen, qui trône pesamment dans cette grande salle. Un bloc imposant, comme un morceau de mur, peint en noir et dont une partie est taguée. Cette sculpture s’impose, entourée des trois toiles grands formats, comme un monument, ou plutôt un manifeste. Il vient occuper l’espace à la manière d’une invasion, semble sorti de son contexte pour apporter la vision d’un tout qui n’est pas là , un slogan qui symbolise à lui seul tout le poids de la contestation ; c’est la pierre à l’édifice.
Pour les quatre artistes, la notion d’histoire collective semble bien présente, ils en montrent les rouages, interprétant chacun ce qui fait l’histoire, ses révolutions et ses leitmotiv.
Mais pour tous, l’histoire s’exprime à travers la rupture, celle qu’amène chaque révolution, celle qui plonge dans les affres du doute. Ainsi, dans la grande toile de Wawrzyniec Tokarski on retrouve cet esprit parfois vindicatif, symbole de l’énergie d’une révolution en marche, le chaos anarchiste avant un possible changement.
Ici, l’artiste utilise les codes et les symboles de différentes cultures, se servant de ce melting pot iconographique pour offrir une vision ironique et revendicative du monde actuel.
Dans une plus grande sobriété, l’agencement de panneaux muraux de Pablo Alonso, relève aussi du leitmotiv contestataire, regard acerbe sur ceux qui font, et ce qui fait, l’histoire.
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Les quatre artistes apportent ce condensé de ce qui a fait et fait la peinture allemande, dans un mélange de peinture d’histoire, que les formats utilisés viennent ici rappeler, une acuité singulière sur la société, le tout empreint d’un romantisme inhérent, digne du mal être des Enfants du siècle.
Jen Ray
— Untitled, 2008. Aquarelle sur papier. 122 x 320 cm
Cristian Andersen
— We don’t move an inch, 2006. Cire, peinture et Styrofoam. 141 x 62 x 62 cm
Wawrzyniec Tokarski
— JHWH, 2008. Laque sur aluminium. 234 x 170 cm
Pablo Alonso
— His arm was her leg, 2007. Techniques mixtes sur toile
200 x 400 cm