Présentation
Pierre-Marie Ziegler
Benoît Tranchant. Nuits pourfendues
«A un moment donné, il faut bien être quelque part.» Cet aphorisme de Cioran fait partie des rare phrases que prononçait Benoît Tranchant. Autodidacte cultivé et raffiné, cet ancien chauffeur-livreur était entré en peinture, il y a vingt-cinq ans, après avoir pratiqué la boxe et été soldat à Toulouse.
Installé en banlieue parisienne, à larges coups de brosse, dans des tons sombres, Benoît Tranchant brossait des objets ordinaires et délaissés : lit de garnison, chaise de bar, échelle d’ouvrier…
Puis sont venues les lueurs urbaines: une fenêtre d’immeuble, l’enseigne d’une pharmacie, une grande roue: autant de nuits absolues mais pourfendues.
Allégories de nos existences définitivement errantes et anonymes, les chefs-d’œuvre ont finalement surgi : des portions d’autoroutes ponctuées par l’arche d’un pont ou une bande d’arrêt d’urgence.