L’exposition « Variations concrètes » à la Galerie Bertrand Grimont, à Paris, réunit des collages, des assemblages et des sculptures de Benjamin Sabatier, de récentes œuvres qui témoignent d’un processus créatif expérimental dans lequel de nouvelles formes naissent d’anciens travaux. La sculpture de Benjamin Sabatier se fonde sur une pratique profondément manuelle et l’utilisation de matériaux et d’objets communs comme le béton, le bois, le papier, des rouleaux de scotch, des bacs à glaçons ou des sacs en plastique.
« Variations concrètes » : collages, assemblages et sculptures de Benjamin Sabatier
Depuis le début des années 2000, la démarche entre art et bricolage de Benjamin Sabatier met en évidence le labeur qui est à l’œuvre dans l’art. Par le recours au travail manuel et aux outils de chantier, le sculpteur montre les liens autant que les divergences entre art et artisanat : si l’art comme l’artisanat est un travail nécessitant un effort et parfois les mêmes matières premières, outils et techniques, le premier s’en différencie par son absence de règles prédéterminées et de connaissance du résultat final. Pour Benjamin Sabatier, « la formation de l’œuvre tient donc de l’aventure » et « la création artistique est une expérimentation continue ».
Benjamin Sabatier, une création artistique expérimentale
Les collages présentés dans l’exposition « Variations concrètes » semblent à première vue peu représentatifs de cette démarche jusque là typique de Benjamin Sabatier. Telles de larges aquarelles abstraites aux couleurs pastel dégoulinantes, ils consistent en des fragments de papier coloré déchirés marouflé sur toile, recouverts à l’éponge d’encre de Chine, puis rincés à grande eau, avant un séchage qui fait prendre forme de façon aléatoire à leur matière de papier mâché. Ainsi, le processus de transformation semble reposer sur l’outil plus que sur l’artiste, et un glissement s’opère de la notion du « Do it yourself » à celle d’auto-construction de l’œuvre.
« Variations concrètes » : vers l’auto-construction de l’œuvre
Ce glissement s’observe également dans de grands assemblages au sol et de petites sculptures murales qui témoignent d’une mise de côté des précédents objets et matériaux inattendus au profit des seuls bois, béton et papier. L’œuvre murale intitulée Sans titre (restes 01) incarne parfaitement la logique de recyclage de Benjamin Sabatier : des restes des collages, dont le papier provient lui-même des Palettes qu’il a réalisées en 2004 ont été coulés dans du béton pour générer une nouvelle composition.