Les sculptures de Saint Clair Cemin questionnent le regard. On ne sait plus très bien ce que l’on regarde : une forme humaine, animale, aquatique ou moléculaire ; les formes s’accouplent et brouillent les catégories.
Dans la petite salle de la galerie, deux sculptures en acier chromé sont présentées. Leur surface réfléchit le spectateur qui les contemple d’un peu trop près et décuple son image sur les multiples facettes de la sculpture. Ces deux sculptures sont teintées d’anthropomorphisme: l’une évoque la forme d’un phallus dressé vers le ciel alors que l’autre évoquerait plutôt le corps féminin, par la multiplication de formes rondes rappelant des seins surmontés de tétons. Ces sculptures protéiformes travaillent la nature organique du corps humain, de manière surréaliste et fantasmée.
Les sculptures aux surfaces réfléchissantes et brillantes s’opposent à d’autres, faites d’une matière rugueuse, croûteuse et verdâtre. Dès lors, le poli, le lisse et le reflet font face à l’austérité de l’acier. Les sculptures rugueuses caractérisent bien souvent des formes aquatiques et tentaculaires, comme des poulpes marins.
Il est d’ailleurs intéressant de souligner que l’antagonisme des matières est aussi le point de départ d’une sorte de répertoire des formes propre à l’artiste : alors que les sculptures en acier brut et rugueux représentent des sortes de volutes marines et sinueuses, les sculptures polies évoquent le corps humain et plus particulièrement ses parties génitales, comme en témoigne encore la pièce maîtresse de l’exposition, une sorte de vagin géant, aux formes souples.
Saint Clair Cemin
— u-angel, 2007. Bronze, 84 x 73 x 92 cm.
— The Spirit, 2007. Acier inoxydable, 136 x 55 x 55 cm.
— Supercuia, 2007. Acier inoxydable. 100 x 100 x 100 cm.
— Guanxi (Le réseau), 2007. Acier inoxydable, 105 x 104 x 121 cm.
— Mirror (Bianfu), 2007. Acier inoxydable, 220 x 174 x 106 cm.
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